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Avignon 2017

Quelques spectacles
ici et là...






Migraaaants (On est trop nombreux sur ce putain de bateau) de Matéi Visniec
Interprètes : Aurélie Audax, Gérard Audax, Mouloud Belaïdi, Anysia Deprele, Lucas Gentil, Liwen Liang, Damien Rémy
Mise en scène : Gérard Gelas

Nous partageons le sort de migrants et de leur passeur le temps de la pièce. À la fois, tout est terrible, la détresse de ces hommes, femmes et enfants, les situations auxquelles ils essayent d’échapper, l’avenir qui les attend ; dont la vente de leurs organes pour pouvoir payer le voyage en avion de leur famille ; la mort lors des tempêtes, ceux qui sont éliminés car ils sont trop nombreux au moment du départ ; des clandestins qui n’ont pas payé le passage se glissent parmi les migrants qui ont payé ;  ceux qui sont passés par-dessus bord quand la tempête fait rage et qu’ils doivent alléger le bateau, les gilets de sauvetage non conformes qui alourdissent ceux qui les portent et les noient encore plus vite…
A la fois, une dose d’humour cynique, d’humanité, de légèreté se glisse au fil de la pièce et dynamise le propos dramatique de ces situations qui montrent à quel point nous devons tous réagir face au drame qui se joue.
En sortant de cette pièce très bien jouée par sept comédiens et très bien mise en scène par Gérard Gelas – différentes scènes courtes se succèdent avec un rythme soutenu, nous ne voyons pas le temps passer contrairement aux migrants qui passent des jours et des jours dans l’angoisse –, nous nous disons que nous devons être tous des porte-parole de ces migrants qui fuient la guerre, la misère, l’intolérance… Ils risquent leur vie, ils sont prêts à tout pour quitter leur pays chargés d’une multitude d’espoirs qui vont s’effacer au fur et à mesure de leur voyage où la peur ne les quittera jamais. Et l’on sait bien à quel point l’accueil qui leur est fait n’est pas à la hauteur de leurs attentes. Il est sûr que c’est un sujet très complexe mais le monde économique a créé une mondialisation qui n’est pas assumée pour les humains. Une partie du monde vit dans la misère, la guerre, la dictature et certains voudraient l’ignorer. Dans une note d’intention, l’auteur, Matéi Visniec, explique : « 80 millions de personnes vivent dans des régions en guerre et ont le droit, en principe, de demander l'asile politique en Europe. En en prenant conscience, en l’espace de quelques mois l'Europe a paniqué. Les frontières ont commencé à se refermer, le symbole du fil de fer barbelé a ressurgi des entrailles cauchemardesques de l'Histoire... J'ai envie de capter dans cette pièce le côté émotionnel et humain du phénomène. Car c'est une tragédie de l'humanité qui se déroule devant nos yeux, digne du théâtre antique grec où l'homme se confrontait à la force implacable du destin. Cette pièce a comme but au moins une chose : casser l'indifférence. »  

Théâtre du Chêne Noir, jusqu’au 30 juillet



J’ai été mordue par une presse à gaufrer d’après Colette.
Adaptation et interprétation de Nathalie Prokhoris
Mise en scène de Marie-Paule Ramo

Après avoir créé le spectacle Manteau couleur du temps… il y a quelques années, Nathalie Prokhoris a modifié le choix des textes de Colette pour nous donner à entendre cette nouvelle facette de l’intimité de cette écrivaine et de son rapport à la création littéraire : « C'est dans son "antre" que nous pénétrons, celui d'un écrivain au travail, en travail. Un tapis, une malle, un escabeau de bibliothèque, quelques "outils" de l'écrivain, Colette en déshabillé (pyjama) et une boîte à musique qui ouvre la porte de l'enfance, une enfance d'où peu à peu, au fil des mots, des souvenirs, se détache la figure du capitaine Colette, dont le secret dévoilé nous parle de... Colette la fille, Colette l'écrivain. »
Nathalie Prokhoris donne vie aux mots et à l’imaginaire de Colette en nous plongeant dans les profondeurs de la création littéraire. Les volutes du passé s’inscrivent dans le présent de Colette qui réalise à quel point son père a joué un rôle. En effet, il écrivait des poèmes qu’il lui lisait et Colette, enfant, se permettait de le critiquer en lui disant qu’il y avait trop d’adjectifs… Son père avait des rituels d’écriture, il a acheté de nombreux cahiers qu’il a dédicacés à sa femme mais n’a jamais écrit, les pages sont toutes restées vierges. Par contre, Colette, qui n’avait pas de rituels d’écriture, a beaucoup écrit.
Nathalie Prokhoris, avec une grande présence et une diction parfaite, nous fait vivre l’intimité familiale et créatrice de Colette dans sa passion des mots et de l’imaginaire qu’elle crée autour des mots. Elle n’ose pas demander la signification du mot presbytère et va donc créer plusieurs possibles lorsqu’elle est enfant...
Colette se plait à dire qu’elle n’a jamais voulu écrire trop passionnée par la lecture mais elle passera sa vie à écrire.
Ces textes de Colette montrent très bien l’importance de la nature, de son observation, du rôle de la famille, du temps qui passe, des différentes influences qui orientent le cours d’une vie… Ils sont mis en valeur avec beaucoup de douceur et de tendresse grâce au jeu délicat de Nathalie Prokhoris et une mise en scène sobre mais très efficace dans le respect de cette grande créatrice qu’était Colette.

Théâtre de la Carreterie, jusqu'au 30 juillet 2017



Anquetil tout seul d’après Paul Fournel.
Interprètes : Matila Malliarakis, Clémentine Lebocey, Stéphane Olivié Bisson
Adaptation et mise en scène : Roland Guenoun

"Jacques Anquetil a traversé mon enfance comme une majestueuse caravelle. Son coup de pédale était un mensonge. Il disait la facilité et la grâce, il disait l'envol et la danse dans un sport de bûcherons". Paul Fournel
La reprise de ce spectacle au Festival 2017 nous donne l’occasion de rappeler l’article écrit par David Namias au sujet de cette pièce (cliquer ici) et l’article consacré au roman de Paul Fournel (cliquer ) qui est à l’origine de ce spectacle.
« Paul Fournel, par la voix de Stéphane Olivié Bisson, nous raconte comment par trois fois, il a pu voir de près son idole ; comment cette figure l’a fasciné. Par trois fois, nous dit-il, il a eu la chance de croiser Anquetil, même si la première, à l’âge de dix ans, n’était en fait qu’un souvenir inventé, de ceux que nous proposent sournoisement certains psychologues ou tortionnaires. Paul Fournel ne l’avait vu qu’en rêve. Un rêve d’idole.
Nous entrerons également, avec ce spectacle, dans la vie intime du champion, en compagnie de Clémentine Lebocey qui interprètera à tour de rôle, l’épouse, la belle-fille et la fille de Jacques Anquetil. C’est ainsi que l’on découvrira l’étrange histoire de famille que tout ce petit monde formait (amateurs de Paris-Match n’hésitez pas à venir écouter).
La mise en scène de Roland Guenoun est pour beaucoup dans l’émotion que nous procure cette pièce qui sera certainement reprise dans d’autres salles.
Amoureux de la grande boucle, du Paris-Roubaix ; admirateurs d’Eddy Merckx, Bernard Hinault et bien sûr d’Anquetil, n’hésitez pas à aller voir ce spectacle quand vous croiserez son affiche quelque part. » (David Nahmias)

Théâtre Les 3 Soleils, jusqu'au 30 juillet 2017



La dernière bande de Samuel Beckett
Interprétation : François Small dit Smol
Mise en scène de Cécile Gheerbrant

Comme chaque année le soir de son anniversaire, le vieux Krapp choisit cérémonieusement une bande magnétique parmi toutes celles enregistrées depuis des décennies. Sa voix d’homme jeune fait alors irruption dans le présent et conduit ce rituel. Rythmée par le débouchage réjouissant de quelques bouteilles, la traversée de ce journal intime sonore se fait plus chancelante, entre jubilation et peur du vide…
La dernière bande « pièce en un acte pour un personnage avec magnétophone », a une place à part dans l’œuvre de Samuel Beckett. On y lit son admiration pour les acteurs burlesques. C’est ce fil que Cécile Gheerbrant a choisi de tirer avec François Small, le magnifique clown Smol, pour faire briller Krapp au soir de sa vie.
Nous plongeons immédiatement dans l’univers de Samuel Beckett face au comédien-clown assis devant une table envahie par un énorme magnétophone à bandes. Il demeure silencieux pendant de nombreuses minutes et finit par aller chercher toutes les bobines dans lesquelles il va piocher la bande qu’il veut écouter. Toutes les boites s’écroulent sur le sol comme peuvent s’écrouler peu à peu nos souvenirs. Il réécoute sa voix après avoir épluché et mangé une puis deux bananes… L’absurde des situations crée les effets comiques. Le rire se mêle à la constatation que le temps passe inexorablement. Sommes-nous toujours conformes à ce que nous étions plus jeunes ? Avons-nous évolué positivement ou négativement ? Assumons-nous ou pas la personne que nous étions ? Quels sont nos regrets ?
Nous plongeons dans nos vies comme le comédien plonge au fond des différents tiroirs de la table, un puits sans fond… Et qu’allons-nous y trouver ?
Un très beau spectacle chargé d’émotions et d’une multitudes de réflexions à approfondir après la représentation alors que le comédien-clown a utilisé très peu de mots en direct pour nous livrer son message. Les bandes magnétiques jouent un rôle essentiel. Passent-elles le témoin comme dans une course de relais pour relier les différentes étapes de la vie ?  

Théâtre de la Caserne des Pompiers, jusqu'au 23 juillet 2017
Voir le calendrier de tournée sur le site de la compagnie



Le garçon incassable de Florence Seyvos
Avec Benoît Dattez, Odja Llorca, Martin Selze
Adaptation et mise en scène de Laurent Vacher

Ce n'est pas l'histoire d'un garçon, mais de deux, que nous raconte Florence Seyvos. Deux garçons jetés dans la vie, avec brutalité. L'un s'appelle Henri, et il est inconnu du grand public. Prognathe, une main atrophiée, il est aussi "différent" mentalement, lent, détaché des contingences. Handicapé. Son père le soumet à des séances de rééducation qui ressemblent à de la torture, sur l'air de "La Walkyrie". L'autre est Buster Keaton, l'homme qui ne rit jamais. Dans son enfance, il monte très tôt sur scène et joue un "objet". À tel point objet que son père le porte comme une valise – on lui a mis une poignée dans le dos – et le jette par terre, ou par la fenêtre, à la grande joie des spectateurs. (Lire la suite de l'article concernant le roman en cliquant ici)
La comédienne interprète la narratrice, une universitaire qui nous fait partager son enquête sur Buster Keaton et, en nous racontant son parcours, son histoire, son rapport avec son père, c’est la vie d’Henri, son frère handicapé, qui lui revient.
Le deuxième comédien est tour à tour les autres personnages du récit : Roscoe Arbuckle, le directeur du TAT, son frère François, l’inspecteur des enfants battus, la caissière du cinéma, un éducateur, le père de Buster et celui d’Henri…
Un troisième comédien, magicien, fakir, personnage muet, est en charge d’incarner la singularité du rapport d’Henri et de Buster Keaton au monde, et aux objets qui les entourent.
Un écran transparent permet de mêler le jeu des comédiens à des projections d'extraits de films de Buster Keaton. Une belle trouvaille de mise en scène.
Un spectacle très émouvant, vivant et dynamique. Un grand bonheur de théâtre !

Théâtre de la Caserne des Pompiers, jusqu'au 23 juillet 2017
Voir le calendrier de tournée sur le site de la compagnie



Le Petit Théâtre Nomade
Interprètes : Jurate Trimakaite, Jimmy Lemos
Mise en scène : Mateja Bizjak

« Au début, il y a le travail plastique de Gaëlle Allart qui a créé "La Fabrique à histoires" : un petit théâtre, des figurines de tissus, peintes comme des tableaux, manipulées par les visiteurs. Un vrai vrai Jeu d'artiste !
Puis le défi de lui donner vie, sur un texte de Pierre Soletti, magicien des mots : des histoires de géants impossibles à cacher sous le lit ou vite fait bien fait sous le tapis, des histoires de marins d'eau douce aux larmes salées ou encore des machines à laver les nuages.
C'est ainsi que Petit Théâtre Nomade se joue depuis, mis en scène par Mateja Bizjak dans des situations burlesques, tragiques ou comiques, par deux joyeux saltimbanques, Jurate Trimakaite et Jimmy Lemos, à l'humour optimiste et ravageur. »
Le Petit Théâtre Nomade donne voix à une comédienne et un comédien masqués qui, grâce à des marionnettes à tige en bois peint, nous racontent les histoires avec beaucoup d’humour et de belles réflexions philosophiques pour montrer que l’on trouve en soi l’énergie de la vie et que l’on peut débusquer ce que l’on ne voit pas toujours mais qui est essentiel : les mots sont à tous et les histoires ne sont jamais finies…

Théâtre de la Caserne des Pompiers, jusqu'au 23 juillet 2017
Voir le calendrier de tournée sur le site de la compagnie



Le dîner d’après Cendrillon d’Eric Reinhardt.
Interprètes : Fabien Joubert, Gisèle Torterolo
Mise en scène : Patrice Thibaud et Jean-Michel Guérin

Si vous voulez rire et vous détendre, précipitez-vous, allez voir Le dîner.
Un couple dont le mari vient d’être embauché comme directeur commercial reçoit son supérieur hiérarchique et sa femme.
La femme prépare un super repas et son mari achète en cachette, pour épater son patron, une très belle voiture pour guider, le soir du repas après le travail,  celui-ci et sa femme jusque chez lui. Il est plus qu’heureux au volant de sa nouvelle voiture, fier de lui, il écoute de la musique, va très vite, se laisse griser par la vitesse et la souplesse de la conduite, caresse le cuir de cette si belle voiture, surveille les phares de celle de son patron qui le suit et plongé dans ses rêves il rate la sortie sur l’autoroute… : « Il n’était plus qu’à une vingtaine… Bordel de merde !... » La soirée commence donc à déraper car ils vont devoir rouler cent kilomètres avant d’arriver à la sortie suivante !!!
Sa femme et ses enfants attendent chez lui, sa femme voit l’heure tourner, ne comprend pas ce qui se passe et tente de sauver le repas qu’elle prépare depuis le matin !
Quand tout le monde arrive, la soirée ne va pas du tout se passer comme prévue et nous rions de cette situation qui est magnifiquement jouée et mise en scène. Le rythme  est parfait, les comédiens incarnent six personnages avec brio et précision. Ils jouent le rôle du directeur commercial et de sa femme ainsi que ceux de leurs deux enfants et du patron et de sa femme. Nous ressentons ce que chacun d’eux éprouve et le contraste entre les commentaires de ces personnages face aux situations délirantes provoquées par le mari rendent la pièce très crédible et hilarante.    

Théâtre de la Caserne des Pompiers, jusqu'au 23 juillet 2017
Voir le calendrier de tournée sur le site de la compagnie



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Une loge
pour le strapontin





Site du Festival OFF :
www.avignonleoff.com


Cliquer sur chaque photo pour voir la page du spectacle






Migraaaants
de
Matéi Visniec

Compagnie Clin d'œil














Nathalie Prokhoris
J’ai été mordue par une presse à gaufrer
d’après Colette

Compagnie
Trois six neuf











Anquetil tout seul
d’après Paul Fournel










François Small
dit Smol

La dernière bande
de Samuel Backett

Compagnie
Les oreilles et la queue











Le garçon incassable
d’après
Florence Seyvos

Compagnie du Bredin








Le Petit Théâtre
Nomade


Compagnie
Centre de créations
pour l’enfance








Le dîner
d’après
Éric Reinhardt

O'Brother Company