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Ce recueil, publié en Italie avant le décès d’Antonio Tabucchi, réunit trente récits écrits tout au long de sa vie. Tous sont introduits par des œuvres d’art qui ont inspiré ces textes. Il s’agit de photos, dessins, peintures ou cartes postales que l’éditeur a eu la bonne idée de reproduire ici. A leur lecture, on a l’impression de voir Antonio Tabucchi en plein exercice de création ; comment chemine son imagination à partir d’une image, comment elle fait surgir un souvenir. Le format du récit laisse à l’auteur une totale liberté qui lui permet d’explorer une grande diversité de formes littéraires, souvent d’inspiration surréaliste ou absurde et faisant une large place au rêve éveillé et à l’inconscient. « Parce que les rêves ne sont pas tant ce qui arrive mais l’émotion que tu éprouves à vivre ce qui arrive. » Onirisme et hallucination sont présents dans ces récits comme dans le reste de son œuvre. Antonio Tabucchi explore ici le lien entre l’art et la littérature à travers de courtes nouvelles, des essais, des formes poétiques. Dans « Les héritiers remercient » il rend hommage à la peintre franco-portugaise Maria Helena Vieira Da Silva en écrivant un court texte pour chacune des couleurs de la peintre. « Et tandis qu’autour de lui éclatait la tempête, une tempête qui pesait dans l’atmosphère depuis plusieurs jours au point que l’air, le ciel, les nuages étaient devenus indigo, il quitta la véranda et se mit à danser comme un fou sous la pluie, il attrapa le violon il commença de jouer une musique tzigane, dansant et dansant, et il vit que ses jambes était devenues indigo elles aussi, de même que ses bras et ses mains, et il dansait et jouait et se prenait pour un Paganini, un brin de lavande, un clown de Fellini, une aubergine, un dindon, un violoniste de Chagall. Car devenir indigo est une expérience incroyable. Mais réservée à peu de monde. » Des textes joyeux et d’autres plus sombres, ou plus étranges. Comme dans la nouvelle « Un curandeiro dans la ville sur l’eau » où la voix du répondeur téléphonique s’impatiente puis écoute attentivement et devient la voix de l’inconscient (curandeiro signifie guérisseur en portugais). Dans les « Portraits de Stevenson », Tabucchi constate la puissance de la transitivité de l’art (le langage d’un art qui transite vers le langage d’un autre art) à propos de l’œuvre graphique de Tullio Pericoli qui représente des paysages robinsoniens et l’univers narratif de Robert Louis Stevenson. Ces dessins, inspirés par la littérature, inspirent à nouveau ce très beau texte de Tabucchi. Nadine Dutier |
sommaire Pour mémoire Antonio Tabucchi (1943-2012) écrivain et traducteur, né en Italie et mort à Lisbonne, a écrit une vingtaine de livres. Bio-bibliographie sur Wikipédia Traduit de l'italien par Bernard Comment |
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