Gabrielle, surnommée Gabri, a onze ans et sa sœur Michette en a six. Elles sont souvent seules en cette année 1919. Leur père, Léon Bragance, est absent parce que c’est la guerre et leur mère, Francine Bragance, vit très librement et s’occupe plus de ses flirts que de ses filles. Elle les oublie souvent et le jour où un drame a lieu Francine, dite « petite mère », n’est pas auprès de ses filles.

Gabri ne le lui pardonnera jamais et la haine envers sa mère l’accompagnera sans faiblir des années durant. « Dès qu'une lueur d'intelligence s'était éveillée dans les yeux verts de Gabri, elle avait commencé à observer sa mère avec une malveillance innée et ce flair extraordinaire qu'ont les enfants pour dépister dans la vie de leurs parents le secret et l'anormal. »

Son père revient de Pologne avec un cousin pour gérer ses affaires. Il est aussi très souvent absent alors que Gabri aimerait une attention paternelle plus forte.

Nous suivons l’évolution de Gabri livrée à elle-même durant son adolescence ce qui la mènera dans diverses aventures. La mère et la fille arriveront-elles à se parler franchement ? à s’aimer un peu ? Gabri trouvera-t-elle l’amour ?

C’est un terrible roman sur le manque d’amour parental, la haine de la mère et la détresse d’une enfant confrontée très jeune à la mort et à la solitude. Est-ce possible de se construire ainsi ?     

« L'Ennemie parut en juillet 1928 sous le pseudonyme de Pierre Nerey, anagramme d'Yrène, dans le mensuel littéraire Les Œuvres libres. Cette vengeance masquée traduit bien la volonté de la jeune romancière, à vingt-cinq ans, de gifler sa mère tout en l'épargnant. »  (Préface d’Olivier Philipponnat)

L’ennemie est un roman passionnant sur le fonctionnement psychologique des personnages qui est très bien rendu grâce à l’écriture pertinente et sans concession d’Irène Némirovsky

Brigitte aubonnet 
(24/12/21)