![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Retour à l'accueil du site |
Aux éditions de la Différence, vient de paraitre Écrit
sur de l'eau de Francis de Miomandre ; mais hors de question pour ce premier
roman d'espérer, malgré ses qualités, la moindre voix d'un
membre du jury du prix Goncourt que l'on décernera cette année le
4 novembre. Et cela pour la simple raison que cet ouvrage a déjà
eu l'honneur de recevoir ce prix en 1908 (Miomandre avait 28 ans) en laissant
cloués sur le siège de leur déception Henri Barbusse, Amédée
Rouquès et Jean Violis. Le jeune Jacques de Meillan (alter ego de Francis de Miomandre) héros de ce roman, évolue dans le Marseille de la petite aube du XXe siècle. On le suit au fil de l'eau dans son apprentissage sentimental. Le thème est badin et l'écriture, légère et sans aucune boursoufflure de style, dégage à sa lecture un charme désuet et vaporeux. Sorte de petit éloge à la jeunesse et à l'amour d'un tout jeune homme dont la sève traverse corps et esprit de bouillonnants désirs. Dans l'avant-propos de ce livre, Miomandre avertissait ainsi ses lecteurs de l'époque : Il ne demande aucun effort pour être lu. Que tu l'ouvres par le milieu, il te sera aussi intelligible que si tu l'abordes au premier chapitre. Pareil à l'éternité, il n'a ni commencement ni fin, mais il est moins long. Curieux conseil d'un romancier sur sa propre production. Mais si étrange que cela puisse paraître cela fonctionne. André Gide perplexe, dans la Nouvelle Revue Française, note à
propos d'Écrit sur de l'eau : Sur quel ton parler de ce livre
léger ? Léger comme une bulle, inconsistant, bizarre, il se dérobe
sous la critique et semble sans cesse en formation. Il pourrait être insupportable
; il est charmant. Bien des auteurs disparus dans les mouvances sablonneuses des modes et du goût
du jour (la liste, nous le savons, est bien longue) ne doivent leur probable
renaissance qu'au hasard des lectures d'un écrivain ou d'un passionné
de littérature. Pour Francis de Miomandre, cet homme providentiel se
nomme Remi Rousselot qui, parallèlement au roman Écrit sur
de l'eau, publie, toujours aux éditions de la Différence,
une biographie de l'auteur : Francis de Miomandre, un Goncourt oublié.
Elle couvre la vie de l'écrivain de 1907 (année précédant
le Goncourt) jusqu'à sa mort. Écrit sur de l'eau fut publié à compte d'auteur
et à cinq cents exemplaires par une maison marseillaise : Le Feu,
dirigé par un certain Émile Sicard. Miomandre s'attendait si peu
à recevoir, pour son premier roman, une telle récompense que lorsque
le verdict tomba signé de la main de Léon Hennique président
de l'académie, il restait des cinq cents exemplaires une petite douzaine
qui se vendit dans l'heure. Sicard et son imprimeur, se précipitèrent
à Paris bien décidés à noyer les libraires de la
nouvelle édition de ce Goncourt inespéré. Mais mal outillés
et si heureux de découvrir les charmes et les plaisirs de la capitale
vers lesquels ils fondirent, ils ne trouvèrent pas le temps pour cette
réimpression. Lorsqu'enfin les volumes sortirent de presse, il était
trop tard. La gloire littéraire est ainsi faite : foudroyante mais brève.
Il me paraît nécessaire, mais non obligatoire, de lire le roman et la biographie (dans l'ordre que l'on veut) l'un après l'autre. Les deux sont un véritable plaisir de lecture et comme nous dit Valéry Larbaud : si le plaisir de lire est un vice, il est par chance impuni ! David Nahmias (21/10/13) |
sommaire Pour mémoire ![]() Francis de Miomandre (François Félicien Durand) (1880-1959) Bio-bibliographie sur Wikipédia ![]() Remi Rousselot Francis de Miomandre Un Goncourt oublié Biographie La Différence (Septembre 2013) 256 pages - 20 € ![]() Éditions du Feu, 1908 ![]() Férenczi, 1923 ![]() |
||||||||