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Gallimard / Folio N°5668
Nouvelle édition - Novembre 2013 - 128 pages
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Italo CALVINO
(1923-1985)
La journée d'un scrutateur
Traduit de l’italien par Gérard Genot
(Traduction révisée par Mario Fusco )
Présentation de l'auteur traduite par Martin Rueff
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Le Cottolengo. C'est, à Turin, le grand hospice, dont le nom officiel
est "La petite maison de la divine Providence". Il abrite des vieillards
et des malades déshérités, et des handicapés mentaux
ou des infirmes. Plusieurs congrégations religieuses tiennent le lieu.
Dans les années 50 (ou 60, mais cela revient au même) se déroulent
en Italie des élections, et la Démocratie Chrétienne entend
bien faire voter tous les citoyens, y compris ceux qui ne sont pas en mesure,
physique ou mentale, de le faire. Amerigo, le héros d'Italo Calvino,
est un des scrutateurs du bureau de vote installé dans le Cottolengo.
La journée qu'il passe dans l'hospice, à accomplir son devoir
de citoyen et de militant communiste, le conduit à côtoyer les
petites surs et les curés, les estropiés et les mourants.
Sur quoi se fonde une démocratie ? Un homme, une voix. Mais cette voix
a-t-elle de la valeur lorsque le citoyen n'est pas en pleine possession de ses
moyens ? Amerigo, tout au long de cette journée étrange, va se
poser la question. Il comprend bien les manuvres de la Démocratie
Chrétienne, et tout l'enjeu de ces élections. Lui, il oscille
sans cesse entre l'admiration que lui inspirent les petites surs qui prennent
en charge toute la misère du monde turinois, et l'avenir politique du
pays. Les curés ne forcent-ils pas la main des malades ? La croix que
l'on doit tracer sur le bulletin de vote, qui la trace réellement ? Le
malade, ou celui qui l'aide à tenir le crayon ? Durant le temps du repas
de midi, comme une parenthèse qu'il pensait enchantée, sa maîtresse
lui laisse entendre qu'elle est enceinte. Donner la vie ? Il se pose aussi cette
question. Mais peut-être ne se la serait-il pas posée s'il n'avait
passé la matinée au Cottolengo, parmi les mourants et les handicapés.
Lui, il est nourri de littérature classique et de marxisme, il s'en remet
à Hegel pour envisager le cours de l'Histoire. Mais son quotidien, ce
jour-là, est différent de la vraie vie et de son vraie cours.
De la vie de tous les jours, dans la ville, dans le monde, hors de l'hospice.
La Journée d'un scrutateur est à la fois un conte moral
et un reportage sociologique, né d'une expérience personnelle
d'Italo Calvino. Dans l'avant-propos, l'auteur explique qu'il s'est rendu par
deux fois au Cottolengo pour des élections : la première en tant
que candidat faisant la tournée des bureaux de vote (il n'y est resté
qu'une dizaine de minutes), et la seconde en tant que scrutateur, en 1961. Cette
année-là, il y a passé deux journées entières.
Le récit qui naît de ces deux expériences n'est pas autobiographique.
Sur un motif réel et vécu dans sa réalité brute,
Calvino bâtit un personnage et élabore une réflexion sur
le "malheur qui frappe à la naissance", la responsabilité
personnelle et collective, les droits et devoirs de la politique.
Loin des histoires fantastiques, philisophico-alambiquées mais délectables
auxquelles nous sommes habitués à simplement prononcer le nom
d'Italo Calvino, La Journée d'un scrutateur penche vers un réalisme
social qui sonne juste et vrai.
Christine Bini
(04/12/13)
Lire d'autres articles de Christine Bini sur http://christinebini.blogspot.fr/
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sommaire
Pour mémoire
Italo Calvino
(1923-1985)
a publié son premier roman à 24 ans, s'est installé à
Paris en 1967, est devenu membre de l'OuLiPo en 1973.
Bio-bibliographie sur
Wikipédia
Bibliographie
franco-italienne sur
Fatrazie

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