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L'Harmattan
(Janvier 2021)
280 p - 24 €

Bachisio ZIZI
(1925-2014)

Le pont de Marreri


– À qui est ce Cumone dont vous parlez ? [ …]
– À tout le monde et à personne, lui répondit un berger ; si tu cherches un patron à inscrire sur ton registre, tu n’en trouveras pas, mais si tu touches à une seule bête, tu auras contre toi, dix, vingt, cinquante bergers.

Les bergers de cette histoire ne se préoccupent pas des tractations qui vont rattacher leur île, la Sardaigne, au royaume du Piémont. Les bergers de cette histoire écrasés d’impôts, sans cesse menacés de famine, n’écoutent pas non plus les belles paroles de Don Satta, recteur et grand propriétaire terrien, ambitieux voulant jouer un rôle lucratif dans cette « fusion » et qui, en chaire, chaque dimanche à l’église, les exhorte à courber la tête devant les puissants et à se réjouir d’avoir bientôt un nouveau roi.

Les bergers de cette histoire se réunissent le soir chez Alessio Biotte, un intellectuel idéaliste dont les idées, celles de la Révolution Française bien répandues maintenant en cette moitié du XIXème siècle, leur donnent de l’espoir et, là, ils bâtissent ensemble le Cumone.

Les troupeaux, les bœufs et les terres, ainsi que tous les biens futurs de quelque provenance que ce soit, devenaient la propriété du Cumone. Les normes édictées par les tables posaient comme fondement du Cumone, la solidarité entre les Comuneri, considérée comme le capital le plus précieux. […] certaines précisions avaient été apportées concernant l’exigence de répartir les parts destinées à la consommation en fonction des besoins de chacun, et d’accroître, chaque année le fonds des biens communs par l’épargne.

Bien ancré dans la réalité sarde, le récit de Bachisio Zizi, vient ajouter un couplet original à la lutte toujours à recommencer des damnés de la terre contre les possédants. L’église, incarnée ici par Don Satta, va jouer un rôle prépondérant dans le maintien de l’ordre établi. Je ne peux m’empêcher de penser à la « Commune » de Paris, qui 25 ans après ce Cumone sarde excommunié, va être écrasée dans le sang et sous le symbole de la grosse verrue blanche du Sacré-Cœur. N’avait-elle pas, entre autres décisions affolant le bourgeois capitaliste, décrété la séparation de l’église et de l’état !

Sylvie Lansade 
(10/04/21)    




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Pour mémoire










Bachisio Zizi
(1925-2014)
romancier sarde, a publié
de nombreux ouvrages.
Le pont de Marreri
est son deuxième roman
traduit en français.




Traduction de l’italien
(Sardaigne) par
Françoise Lesueur
et Claude Schmitt





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