Samuel, le narrateur de ce court roman, est semble-t-il un homme ordinaire. Il est marié avec Amandine mais ils ne s’entendent plus depuis longtemps.
« Ça fait quatre mois qu'Amandine et moi ne nous touchons plus. Je me rassurais nerveusement en me disant qu'avant ces quatre mois ça faisait peut-être dix ans que ce n'était plus ça entre elle et moi. J'avançais trop mollement à ses côtés. C'est sans doute ça qui expliquait la chose. »
Ils ont trois enfants et un chien, mènent une vie tranquille en Bretagne.
Samuel emmène les enfants à la plage et à l’école. Il échange quelques mots avec d’autres parents. Rien d’extraordinaire.
Il fait des balades en forêt avec Pierre, un ami très concentré sur la thèse qu’il prépare.
Au bureau, il aime parler avec Isabelle, à la fois collègue et confidente.
Comme le titre l’indique, ce n’est pas un foudre de guerre. Et pourtant…
Ce qui est étonnant, c’est le ton tranquille avec lequel il raconte un terrible enchaînement d’évènements de plus en plus dramatiques. Dans une atmosphère paisible, par des phrases sibyllines glissées au fil du texte, il nous prépare peu à peu à un engrenage qu’il ne semble pourtant pas avoir anticipé le moins du monde.
« Aujourd'hui, même si ce n'est pas agréable, je vais raconter cette histoire jusqu'au bout. »
On commence à sentir la situation déraper lorsqu’il a l’opportunité d’une infidélité.
« Ce ne sont pas les disputes qui m'ont amené à tromper Amandine. Ce n'est pas parce qu'on est mal en couple qu'on trompe. Ce n'est pas non plus parce qu'on n'est pas satisfait qu'on trompe. Plus simplement, je crois : par opportunisme, par manque de volonté, un peu comme quand on retourne au placard chercher le paquet de gâteaux qu'on est pourtant déjà allé ranger deux fois. »
« Quand je repense à toute cette histoire, je me dis que c'est exactement à ce moment que tout s'est joué. » "Tout" quoi ? Suspense.
Mollesse est le premier roman de Franck Mignot. C’est une belle réussite. Espérons qu’il y en aura d’autres. Un auteur à suivre…
Serge Cabrol
(13/03/23)
