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Voyageuse de la nuit.
Ta clandestine.
Ta vagabonde.
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L’ombre d’une femme se détache noire sur fond orange, elle est debout, sur un balcon, des traits noirs – l’ombre des branches d’un arbre ? – zèbrent ce que l’on ressent comme l’incendie d’un crépuscule.
C’est la couverture du livre, un format carré, une fenêtre ouverte pour nous, va-t-on voir ce que cette femme voit ?
Toutes les quatre pages environ, une déclinaison de la photo de la couverture, saturée de tons ocres, nette ou pixellisée, immobile ou en mouvement… On ne verra que cette silhouette, prise chaque soir, dans le miracle recommencé de la lumière.
Un texte très bref court au long des pages, un poème, un souffle, un chuchotement, de peur que la magie ne s’envole…
Interrogation sur cette ombre, sur notre ombre, sur les ombres, la beauté de l’instant, de la vie, de l’éphémère. Chaque soir, à la même heure, la narratrice dialogue avec cette ombre créée par un projecteur qui éclaire une église à côté de chez elle.
Est-ce sa mort qui vient lui rendre visite ? Son double, son autre, son âme, son désir, son envie d’autre chose ?
En tout cas une invitation à la rêverie, à l’interrogation, qu’elle offre à son tour au lecteur. Beau cadeau.
(Le projecteur)
Il t’offre la rambarde.
Tu en fais ce que tu veux.
Un parapet. Un garde-fou.
Le bastingage d’un paquebot
qui croise dans les mers du sud.
La balustrade d’une terrasse
Dans un palace sous les tropiques.
Tu t’accoudes à la vie rêvée.
Sylvie Lansade
(05/06/23)