En préambule, afin d’avertir les futurs lecteurs : « Aux femmes et aux hommes courageux qui nous protègent de la terreur et résistent à la violence, à la haine et à l’extrémisme, d’où qu’ils viennent. Votre exemple nous incite chaque jour à être plus courageux, à être meilleurs. »
Ce nouveau duo d’écrivaines peut laisser planer une curiosité ou peut-être un supplément de mystère, en tout cas pour celles et ceux qui ont lu et apprécié les romans de Louise Penny…

Il s’agit ici, comme l’indique le titre, d’un roman concernant une situation de danger pour les États-Unis. Situation amenée avec des précisions et des progressions habiles et réalistes. Vont aussi se retrouver mêlés à des moments de grand suspense, des éléments plus familiers, voire anecdotiques. Comme cette approche de la vie intime de certains personnages, qui nous les rend plus familiers, nous en faisant mesurer toute l’implication.
Alors, il faudra plonger dans cette histoire, repérer ce qui pourrait se tisser, en marge d’une politique officielle où certaines transactions restent évidemment inconnues du public, parce que improvisées, ou cachées.
Ellen Adams, personnage principal dans ce roman, vient d’être nommée secrétaire d’État, par le président des États-Unis. Une manière subtile et habilement perverse compte tenu des évènements déjà préoccupants et à venir, de pouvoir en rejeter, en cas d’échec diplomatique, toute la responsabilité sur elle ? Le doute est permis !

Mais il se trouve que passionnée par son travail et sa mission, elle est toute aussi futée et habile qu’opiniâtre. Des attentats se sont produits et son pays est en danger. Alors elle va se rendre dans les différents pays qui semblent être concernés, et va devoir composer avec eux. Il sera question du Pakistan, de l’Iran, de l’Afghanistan et des pays du Moyen-Orient, qui pourraient être impliqués stratégiquement ou simplement par opportunité à cet « État de terreur ». Car la menace bien réelle pour les États-Unis, se rapprocherait !
Ce roman de près de cinq cents pages est donc riche de précisions réalistes, mais aussi de tension et de suspense. Tous les personnages secondaires ont un rôle précis, qu’il soit annexe, explicatif, ou bien déterminant. Ce qui amène les lecteurs et les lectrices à être constamment en alerte mais c’est aussi ce qui rend les citations difficiles à choisir car le contexte est compliqué.
 
Alors, et pour donner cependant un aperçu :
C’était un risque calculé. Ellen était parfaitement consciente qu’elle se tenait sur le fil du rasoir. Cherchait un moyen terme entre la vérité et la discrétion tout en envoyant un message subtil au grand ayatollah.

Il avait assez d’expérience pour savoir que le faible fanfaronne, nie, ment et se débat.

Le puissant admet son erreur et se libère de son joug.

Seul un être redoutable peut se permettre la contrition. Loin d’afficher de la faiblesse, la secrétaire d’État américaine avait fait preuve d’une force et d’une détermination extraordinaires

Aux lecteurs et lectrices d’apprécier cet exemple de politique « fiction ? » ! Alors qu’il est probable que la réalité soit toute aussi complexe, ou peut-être même davantage !
Il n’est pas irréaliste non plus de penser qu’une des autrices aurait été « bien placée », pour livrer ainsi quelques informations, certainement décalées ou transposées, mais néanmoins bien convaincantes !

Quant à l’écriture, elle est efficace et précise, et développe lorsque cela s’avère pertinent, des détails qui viendront nuancer la personnalité de certains des acteurs ou actrices de cette histoire en montrant leur humanité. Ainsi les deux enfants d’Ellen aux fonctions intéressantes et pertinentes voire stratégiques, et bien sûr, la fameuse Betsy, fidèle amie et soutien indéfectible au long cours.
De même que ces parenthèses indispensables, qui tout en étant sources d’informations complémentaires, sont aussi des formes de respirations.
Sans oublier les clins d’œil aux lectrices et lecteurs de Louise Penny. Surtout lorsqu’il s’agit de retrouver un des personnages à « Three Pines », ce fameux village où se déroule la plupart de ses précédents romans.
Une lecture dense, riche, et bien sûr avec un suspense continu et progressif.  Dans ce rythme qui nous laisse parfois non pas en état de « terreur », mais en apnée !

Anne-Marie Boisson 
(22/07/22)