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Carmen MOLA


La Bestia


Quelle importance de savoir que derrière le nom de Carmen Mola, se cachent trois écrivains, trois amis, Jorge Diaz, Agustin Martinez et Antonio Mercero, que le pseudonyme adopté, lors de leur premier ouvrage collectif – La fiancée gitane – est un nom à tiroirs lui aussi, puisque « mola », dans le langage familier, veut dire « plaire » ?
La Bestia plaît !
C’est un pavé, de ceux que l’on lit pelotonné sous un plaid, par mauvais temps pour parcourir ce récit d’un monde, d’une ville, Madrid, en proie à une des plus grandes épidémies de l’histoire, le choléra, il y a moins de deux cents ans.
C’est un roman dont il serait criminel de faire un résumé trop précis tant les ingrédients vous tiennent en haleine dès les premières pages.
Le choléra, qui tant de fois a ravagé l’Europe, au sens propre comme au figuré, terreau des rumeurs les plus folles : des enfants payés par l’Église pour empoisonner l’eau des puits, les pauvres dont on détruit les quartiers, coupables de la transmission de la maladie et que l’on refoule derrière le mur, en un no man’s land de douleur et misère, un monstre, la Bestia, qui rôde et fait disparaître les jeunes filles prépubères.
Des complots qui s’entremêlent en un fleuve de haine et de sang : guerres de succession, guerres carlistes ; affrontements et ennemis en tout genre : religieux fanatiques, sociétés secrètes – francs-maçons, Carbonari – dans un Madrid cauchemardesque où chacun lutte pour survivre.
La Bestia offre au lecteur, sous couvert d’un roman d’aventures, une leçon d’histoire sociale et économique saisissante, en dévoilant la vie des métiers de rue, des bordels, des palais, de la science, de l’information au travers des personnages aussi ambigus que réels.
Où nous retrouverons un jeune homme épris de vérité et de journalisme, une orpheline dont la ténacité n’a d’égal que son courage, une aristocrate rebelle, et bien sûr un policier « borgne » – clin d’œil aux romans de cape et d’épée.
Écrit avec brio, traduit avec intelligence, La Bestia, nous donne à voir le cœur de Madrid, ce Madrid éternel où simplement les murs, les quartiers, les ambiances, la pauvreté et la richesse se sont déplacés au fil des ans.

Luisa D'Orcisto 
(17/12/22)    



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Noir & polar








Actes Noirs
(Octobre 2022)
480 pages - 24,50 €


Traduit de l’espagnol par
Anne PROENZA






Carmen Mola est le pseudonyme de trois écrivains et scénaristes :
Jorge Díaz Cortés,
Antonio Mercero Santos
et Agustín Martínez.