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Dans ce troisième roman noir de Valentine Imhof, l’explosion de la ville d’Halifax, au Canada, en décembre 1917, est la matrice, le big bang, le fondement des destinées des personnages. Les scènes d’apocalypse y sont dignes des tableaux de Jérôme Bosch. Cette explosion détruit la ville, les hommes, les animaux. Elle défigure, démembre, rend fous les survivants. Deux personnages du roman sont des rescapés de la grande guerre : Milton et Arthur. Milton est un insomniaque misanthrope qui mène une vie d’ermite. Arthur est un homme généreux rongé par la culpabilité d’avoir semé la mort malgré lui. Pekka est une femme souvent bafouée, à qui la vie n’a pas fait de cadeau. Nathan, son fils, va connaître la misère et la violence très jeune. Tous vont sillonner l’Amérique de la Nouvelle Ecosse à la Californie, comme des millions d’autres malheureux, dans ces années de chômage et de misère d’après la crise de 1929, ces années où les États-Unis étaient à deux doigts de sombrer dans le fascisme. « Arthur connaît bien la misère des villes. Il a pu voir à Chicago combien elle est atroce et sans remède, combien elle écrase les hommes et les digère pour ne recracher que des ombres. La misère des champs, celle qui accable les centaines de milliers de saisonniers du sud de la Californie, semble plus effroyable encore. Elle fait d’eux des insectes, des cancrelats, des rampants. » Chaque mouvement de protestation est combattu, même celui des vétérans de la guerre venus à Chicago réclamer une prime qui leur était promise et qui se termine dans un bain de sang. « La troupe est lâchée, carabine en bandoulière et sabre au clair, et elle charge. À pied, à cheval, à moto. Sous la direction d’un général en uniforme d’apparat, un certain MacArthur, impatient d’en découdre avec ces masses de clodos qu’on prétend infiltrées et galvanisées par les Rouges, déterminé à incarner la résolution du gouvernement fédéral à ne pas se faire chahuter chez lui par quelques fauteurs de troubles. L’écriture de ce roman est également remarquable ; chaque personnage a un ton, un langage, un style différent en fonction des origines sociales, des modes de vie ou des expériences vécues. Pekka, qui change d’identité à chaque changement de vie, s’exprime de façon très imagée. Après avoir vu le film King Kong, elle jubile : « […] c’est pour ça que j’aime qu’on aille se faire une toile tous les deux dès qu’on arrive à se barrer de notre cage ! J’adore moi aussi quand mon cœur se prend les pieds dans ses battements. Surtout quand la vie, celle qu’on vit tous les jours, lui donne plus aucune raison de s’emballer. Devant un film pareil, j’ai l’impression d’avoir avalé un yo-yo. Ça me chahute dans tous les sens. Et ce qui est bien grâce au cinéma, c’est que je peux faire comme si. Vivre ce que jamais je vivrai dans la vraie vie, avoir des peurs qui ne sont pas les miennes, croire à l’amour fou même si je sais que c’est du bidon, mourir toutes les morts imaginables et puis être encore vivante à la fin, quand les lumières se rallument. » Nadine Dutier (27/05/22) |
Sommaire Noir & polar ![]() Rouergue Noir 480 pages - 23 € Version numérique 16,99 €
Découvrir sur notre site ses précédents romans : ![]() Par les rafales ![]() Zippo |
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