Ici, autrefois, les récoltes et les plats circulaient d’une maison à l’autre, entre celles et ceux qui vivaient là : bouquets d’aromates, pots de confiture, tartes aux prunes.

Mais aujourd’hui son quartier n’est plus le même. Ont poussé des centres commerciaux, des parkings, des routes. Les maisons ont disparu et les fleurs se sont muées en panneaux publicitaires.
Si bien que la vieille dame n’a plus personne autour d’elle avec qui échanger, avec qui partager ses précieuses récoltes. Alors, solitaire, elle entasse ses bocaux dans ses armoires et se renferme sur elle-même.

Un automne, le jardin décide de franchir les murs qui le circonscrivent pour s’étaler au dehors. La vieille dame, dont le sens de la propriété s’était aiguisé au fil des années, l’en empêche et taille sans relâche chaque nouvelle pousse lui appartenant. Elle finit même par ériger un immense mur autour de son lopin de terre.
C’est sans compter la force de la nature qui finit toujours par reprendre ses droits.

Le texte est riche. La taille des caractères varie, mettant en avant des mots importants dans l’histoire. Les illustrations, explosions de couleurs au jardin, grisent la zone commerciale et les parkings, mettant en évidence leur stérilité, leur uniformité.
Le livre offre une réflexion sur les saisons, l’évolution de la consommation de produits frais avec ce qu’elle peut avoir d’absurde et de démesuré lorsqu’elle fait fi du bon sens.

Voici un album pour explorer les notions de propriété et de partage, pour réfléchir à la production et la consommation de masse, pour s’interroger sur les valeurs humaines et les choix à venir. Des thèmes qui peuvent paraitre abstraits mais qui sont ici adaptés aux jeunes lecteurs.

Un livre engagé qui reste optimiste et se referme sur un monde meilleur.

Cécile De Ram 
(22/08/22)