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« La toile était restée sur le chevalet, inachevée, et je ne cessais de penser à elle tandis que, à pied, je me dirigeais d'un pas vif vers la gare en jetant de temps à autre quelques regards furtifs autour de moi, comme si j'avais eu le feu aux trousses. » Pendant le voyage, par hasard et grâce à son talent de dessinateur, il rencontre Agnès, une femme très discrète, « prête à n'importe quoi afin que l'on ne la remarquât pas, accoutrée comme elle était de pied en cap d'une sorte de long manteau couleur marron glacé […] Son bonnet beige masquait son crâne et ses oreilles […] Ses lunettes noires enveloppantes masquaient le reste. » Difficile d’établir ensuite un portrait-robot… Sans le montrer, Victor et Agnès s’observent mutuellement et, en descendant du train, c’est elle qui l’interpelle et engage la conversation. Gilles Vidal joue avec les codes du roman noir, choisissant des lieux inquiétants, comme cette grande maison inhabitée, aux murs couverts de tableaux, avec un atelier où l’on s’attendrait à rencontrer le fantôme du peintre… Voilà donc un roman noir où l’atmosphère est primordiale, à la fois poétique et onirique, où des menaces imprécises entrainent un personnage vers des lieux inconnus, où une femme mystérieuse, aux allures d’héroïne fatale, porte avec elle la peur, la violence, la mort et l’amour, le tout sur un ton parfois désabusé et mélancolique. « La vie était ainsi faite, il n'y avait juste que le vide abyssal d'un univers où chacun cherchait à combler sa solitude et à affronter dignement son impuissance face à la mort inexpugnable au bout du chemin. » Noir, c’est noir. Serge Cabrol (20/05/21) |
Sommaire Noir & polar La déviation (Mars 2021) 230 pages - 17,90 € En couverture, une peinture de l'auteur.
Bio-bibliographie sur Wikipédia Retrouver sur notre site un autre roman de Gilles Vidal : La boussole d’Einstein |
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