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Après nous avoir emmenés dans l'Utah en 1954 avec le shérif Nick Corey (Le Cherokee, 2019), nous voici au Texas en 1963, plus précisément à El Paso, ville frontalière avec le Mexique, où agissent et sévissent deux policiers impitoyables, les lieutenants Fletcher et Drake. Nous passons l’essentiel du roman en compagnie de ces deux enquêteurs marqués par la mort dès leur enfance, bien abîmés par la vie (guerre du Vietnam et autres expériences traumatisantes), qui tiennent grâce à un cocktail quotidien d’alcool, tabac, drogue et médicaments. Ils sont amis depuis longtemps, chacun des deux étant prêt à tuer quiconque s’en prendrait à l’autre. Virés par la police de Chicago, ils ont été recrutés par Moss, le maire d’El Paso. « En peu de temps, Fletcher et Drake s'étaient fait une réputation de pourris violents. C'était globalement ce que souhaitait Moss : des policiers craints et qui vivaient en partie sur le dos de la population qu'ils étaient censés protéger. » Dès les premières pages, les voici confrontés à la découverte d’un cadavre. Un militaire, ancien Marine, tireur d’élite. « Des morts ça ne manquait pas par ici, mais c'était rarement des Nord-Américains. Tout commençait par un pourquoi, c'était sûr. Pourquoi un gringo s'était fait dessouder ici, dans les montagnes Franklin, en plein milieu d'El Paso ? » Beaucoup de rebondissements dans ce roman où l’écriture et l’atmosphère sont aussi très importantes. L’écriture est verte, crue, difficile de faire soft avec de tels personnages dans un univers si sombre, mais de temps à autre, le style flirte avec des intonations à la Audiard. « Les Nord-Américains aimaient le pétrole. Plus ils en consommaient, plus ils bandaient. Un jour, les condors auraient des masques à oxygène pour bouffer sans tomber dans les pommes. » Le maire s’efforce d’économiser sur tous les budgets, même celui de la morgue où il a réduit les dépenses en électricité. « Si les macchabées avaient pu pédaler pour produire leur courant, il les aurait installés sur des vélos. » Côté croyances et traditions, la Bible est très présente par de nombreuses citations. « La Bible était nécessaire à Fletcher. Il vivait parce qu'il ouvrait la Bible. Cette action était en somme son salut. Des choses comme ça ne se disaient pas. Tout ce qui était intime était obscène, injurieux, idiot. » Mais il n’est pas aussi croyant qu’il le voudrait. « Il aurait aimé avoir la foi. Il aurait aimé pouvoir compter sur elle. Il aurait aimé s'agenouiller et se recueillir, se réunir. Il voulait être lui en entier, si c'était possible à un être humain. Il avait un doute. » Les enquêteurs nous mèneront jusqu’à la solution des énigmes, jusqu’à la lumière au bout du tunnel, mais le chemin sera long et rude, violent et sans pitié, de tous les côtés car le roman n’a rien de manichéen, ce ne sont pas des gentils en guerre contre des méchants. Il n’y a pas de gentils dans cette histoire, mais certains sont plus cruels ou corrompus que d’autres. Et quand un crime mêle à la fois un tueur en série et une affaire d’état, tous les coups sont permis, y compris les plus tordus. Une belle réussite pour les amateurs de sensations fortes et d’écriture bien noire. Serge Cabrol (29/01/21) |
Sommaire Noir & polar ![]() Joëlle Losfeld (Janvier 2021) 480 pages - 22 € ![]() Folio (Janvier 2022) 496 pages - 8,70 €
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