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L’art et la manière de s’embarquer dans une galère et de se retrouver dans une situation inextricable aux conséquences ravageuses. Une sorte de Tontons flingueurs sans humour sur fond de violence irlandaise. Quand on arrive à la fin du roman, on aimerait revenir au début et dire à Brian : non, surtout touche pas au grisbi ! Mais après tout, heureusement qu’il le prend parce que c’est le début d’un polar passionnant au rythme haletant dans l’univers complexe de l’Irlande du Nord où les démons de la guerre n’ont pas tous été enterrés en 1998 avec l’Accord du Vendredi Saint. Tout commence à Belfast, un soir d’Halloween, où trois Pieds nickelés, aussi maladroits que malchanceux, tentent de braquer la Bank of New Republic. Seamus Nolan, le crotale, est très en colère et chez lui, la vengeance est redoutable. Il a été humilié par ces trois clowns qui ont réussi à l’assommer et partir avec sa mallette. Les membres de la Fraternité pour la liberté irlandaise n’apprécient pas non plus de voir l’argent de leur organisation disparaître dans la nature. Nolan devait se présenter à la banque deux heures plus tôt et le demi-million aurait été tranquillement mis à l’abri par la Brinks. Connor, le leader du groupe, est furieux et cette bavure se rajoute à ce qu’il pense de Nolan : « Je t'ai regardé évoluer comme un petit voyou, une petite brute sadique. La seule chose qui ait changé pendant toutes ces années, c'est ta taille. Maintenant, tu es un gros voyou et une grosse brute sadique. Je déteste ce que tu fais, toi et ton équipe de demeurés, et le fait que tu te sortes de tout ça juste parce que ton oncle est une pointure dans le mouvement. […] Tu n'es qu'un psychopathe, purement et simplement, un chien enragé qui aurait dû être abattu depuis longtemps. » Mais Connor, pour récupérer l’argent, préfère recourir aux services d’un professionnel avec lequel il a l’habitude de travailler et l’on voit entrer Rasharkin dans la danse. Il sait ce qu’il a à faire et il le fera sans haine, comme un pro, simplement, méthodiquement. Bien sûr, à Belfast, il y a aussi la police. L’inspecteur principal Harry Thompson est à un mois de la retraite et ce braquage raté n’est pas le bienvenu, d’autant plus que peu à peu cette histoire part dans tous les sens, les uns et les autres cherchant à comprendre qui est qui et qui fait quoi, qui est le chasseur qui est le gibier. Si l’on ajoute que les républicains ont des indicateurs dans la police du royaume et inversement, il est bien difficile d’imaginer quelle sera la suite des événements. En chapitres courts, on passe des uns aux autres, le rythme est intense, les rebondissements incessants et les dégâts collatéraux non négligeables. On cherche, on espionne, on menace, on torture, on tue, tous les moyens sont bons pour mettre la main sur l’argent de la cause, sur ceux qui l’ont volé ou sur ceux qui les pourchassent. Difficile de savoir qui fait vraiment partie des naïfs, des traitres, des salauds ou des justiciers. L’auteur sait de quoi il parle. Il a fait de la prison en Irlande du Nord comme activiste politique au sein de l’IRA et aux États-Unis pour un hold-up spectaculaire. Après sa condamnation, il est rentré à Belfast pour écrire. Serge Cabrol (18/10/21) |
Sommaire Noir & polar Métailié Noir (Octobre 2021) 280 pages - 21,50 € Traduit de l'anglais (Irlande du Nord) par Patrick Raynal
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