Ce roman est un nouveau volume de la série dont Sebastian Bergman est le héros (un antihéros) récurrent. Séducteur invétéré, incapable de tenir une promesse, il a le don pour faire tous les mauvais choix et détruire tout ce qu’il approche. « Une puissance destructrice engagée dans une perpétuelle spirale descendante. »
Mais, si sa vie personnelle est totalement chaotique, il se révèle efficace et même exceptionnel dans sa vie professionnelle en tant que psychocriminologue, ce qui n’a pas empêché qu’il soit viré de la police criminelle de Stockholm. Il faut dire que sa fille, Vanja, est aussi une policière très qualifiée et qu’il lui a pourri la vie au point qu’elle n’accepte même plus de lui parler. Leur supérieur, Torkel a dû choisir entre les deux et il a opté pour Vanja. Depuis, pour des raisons personnelles, Vanja a rejoint le poste de police d’Uppsala. L’enquête qui est au cœur de ce roman va les obliger à travailler à nouveau ensemble et ce ne sera pas simple, pour le plus grand plaisir du lecteur.

À Upsala, plusieurs femmes se font violer selon le même mode opératoire : une piqûre dans le cou qui les endort, un sac sur la tête et le viol pendant qu’elles sont inconscientes. Visiblement le violeur ne veut pas voir leur visage…

Lorsqu’une des victimes est tuée, la brigade criminelle est appelée à la rescousse et les deux équipes vont devoir travailler ensemble, y compris Bergman dont les compétences sont incontournables et qui doit reprendre du service sous la direction d’Anne-Lie Urlander commissaire de la police d’Uppsala. Torkel, lui-même, doit accepter que l’enquête soit menée par la commissaire et ce n’est pas pour le réjouir.

Nous faisons connaissance avec tous les membres de la police d’Uppsala et de la brigade criminelle, le rôle de chacun mais aussi leur vie personnelle et leurs problèmes de couples…

Très rapidement, on apprend que l’un des membres de la brigade criminelle, Billy, a tué Jennifer, une de ses collègues pendant un jeu sado-maso qui a mal tourné. Il n’a pas su réfréner ses pulsions de domination et de violence. Il a déguisé ce meurtre en disparition mais quelque temps plus tard, le père de la jeune femme a des doutes et vient demande à Billy de mener une enquête. Le voilà dans de sales draps d’autant plus que la femme avec qui il vit et qu’il adore ne sait rien de tout ça…

L’enquête sur les viols, la relation de Sebastian et sa fille, la situation délicate de Billy, tout cela se mêle et s’entremêle pour constituer un passionnant thriller aux multiples rebondissements et au suspense bien maîtrisé dans l’atmosphère inquiétante d’une congrégation religieuse suédoise traditionaliste. Sans oublier Axel Weber, un journaliste qui va vouloir se glisser dans l’enquête à ses risques et périls…

Ici ou là, des annonces inquiétantes créent une attente du lecteur à la manière de la fin des chapitres des feuilletons du XIXe siècle : « Cette réunion avait beau lui avoir déplu, il avait l’impression que ce n’était pas ce qu’il allait lui arriver de pire aujourd’hui. L’avenir allait lui donner raison » ou encore : « Il ne savait pas non plus qu’il lui restait moins de vingt minutes à vivre. » Évidemment après ces phrases sibyllines, on change de lieu et de personnage en restant quelque temps sur notre faim, l’appétit bien aiguisé…

Du beau travail par des scénaristes de séries télévisées appréciées dans des dizaines de pays (Les enquêtes d’Erika, Wallander, Le pont…). Six épisodes des aventures de Sebastian Bergman ont déjà été adaptés en Suède…

Serge Cabrol 
(09/08/21)