Amis de la Bretagne et des chats, amateurs d’humour et de fantaisie, précipitez-vous, Catia, la belle chatte policière de Quimper nous raconte une nouvelle aventure de son « homme », Erwan, capitaine de police.
C’est déjà sa sixième enquête et nous avons eu l’occasion d’expliquer (voir Miaou, bordel !) comment elle a appris à écrire sur une tablette et communiquer ainsi en langage humain. Compte tenu de ses capacités exceptionnelles d’analyse et d’observation, elle est un précieux atout pour les policiers qui ne se privent pas de faire appel à ses talents.
Quant à sa modestie, elle n’est plus à démontrer :
« J'admets qu'une chatte possédant une personnalité aussi exceptionnelle que la mienne, dotée d'un savoir hors du commun dans tous les domaines, et des perceptions cognitives proches du génie, ne peut que séduire, et provoquer un attachement addictif. Cela se conçoit aisément. »
De même que son bon caractère :
« – Oh, le gros bibide ! Salut, ma belle ! lance Hervé.
Il se croit obligé de me faire une caresse sur la tête avec ses doigts graisseux. Et toi, tu le vois comment ton gros bibide, hein ? Pauv' naze ! »
Seule sa gourmandise peut la rendre plus affectueuse :
« – Ah, te voilà, petite crapule ! Où étais-tu passée ?
– Oh ! Lâche-moi, la cuisinière ! Occupe-toi de tes casseroles.
Pas sûr qu'elle ait compris le miaou vindicatif que je lui ai adressé.
Tandis que je goûte délicatement ma délicieuse gamelle, elle vient me faire une petite caresse sur le dos et, hypocritement, je lève mes fesses en guise d'assentiment. Oui, c'est pas joli, joli. »

Catia et Erwan ne sont pas seuls pour mener les enquêtes. Côté humain, il y a le commissaire Yvon Legal, un ami d’Erwan. Une amitié qui ne les empêche pas d’avoir des échanges parfois houleux mais qu’un verre de lambig ou de chouchen réconcilie très vite. Côté animal, il y a Hector, un bon gros Saint-Hubert vieillissant, imbu de sa noble lignée canine, exprimant souvent sa nostalgie de la monarchie et de l’Ancien Régime, mais doté d’un flair incomparable qui le rend indispensable dans toutes les enquêtes comme celle qui fait l’objet du présent roman.

Une petite fille chinoise a disparu.
« — Il y a environ trois heures, à l'arrivée du ferry à Roscoff, en provenance de Plymouth, un couple de Chinois a débarqué avec une petite fille. Ils ont réservé une voiture de location. À l'agence, ils font un scandale car la marque du véhicule ne correspond pas à leur choix. Il y a beaucoup de monde qui attend derrière eux et comme ils hurlent en mauvais français, la pagaille s'installe. Au bout d'un quart d'heure, le directeur leur donne une Mercedes pour se débarrasser d'eux. Et là, catastrophe, on ne trouve plus la gamine. Envolée ! C'est la panique. »
Les policiers recueillent deux témoignages : « Une dame a bien aperçu une petite fille asiatique monter dans une voiture. Elle ne peut pas décrire le conducteur car il était de dos. Un retraité maritime, présent non loin de la dame au moment du rapt, confirme les faits. Lui non plus n'a pas vu l'homme. En revanche, il se souvient de la voiture car c'est la même que la sienne : une Renault Clio de 2011 ou 2012, de couleur gris foncé. »
Il apparaît rapidement que la fillette aurait été enlevée par son grand-père, installé en Bretagne mais dont personne ne connaît l’adresse.
Un grand-père chinois avec une Clio grise, il y a en a des dizaines dans la région et les témoignages s’accumulent dans toutes les directions.

Les relations avec les parents sont catastrophiques, notamment avec la mère, madame Liu, qui considère les policiers comme des incompétents et n’hésite pas à le dire aux journalistes. Les entretiens avec le père sont plus tempérés et adoucis par son goût pour le cognac que les enquêteurs lui servent généreusement.

Tout cela pourrait sembler très simple mais des personnages plus inquiétants, dont la mystérieuse madame Huang, font leur apparition : envoyés du gouvernement, espions, agents secrets ? Voyous chargés de faire pression sur monsieur Liu, ingénieur de haut niveau ? Les hypothèses ne manquent pas et il faudra tout le flair d’Hector et l’intelligence de Catia pour démêler cet écheveau sino-breton.

On s’amuse, on sourit, l’écriture est vive et les réparties percutantes, une lecture agréable qu’on peut apprécier au soleil sur la plage aussi bien qu’en automne au coin du feu. Une fois le livre refermé, allez voir sur le site des éditions Palémon, vous trouverez les aventures précédentes de la belle Catia et beaucoup d’autres auteurs à découvrir. Une vraie mine pour les amateurs de polars…

Serge Cabrol 
(26/07/21)