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À Mindelo sur São Vicente, île de l’archipel volcanique composant l’état insulaire du Cap-Vert encore sous domination portugaise, un groupe d'intellectuels décide en 1936 de fonder Claridade, une revue destinée à mettre pour la première fois en valeur la vie culturelle du Cap-Vert à la confluence du néo-réalisme portugais et de la littérature du nordeste brésilien. Certains y verront une véritable proclamation d'indépendance littéraire qui impulsera l'émergence d’une littérature Capverdienne. À travers sept récits, c’est leur île, d’une réelle beauté mais moins paradisiaque que les dépliants touristiques ne veulent la présenter, balayée par les vents du Sahara et déserte par endroits, que quatre écrivains de Claridade – Manuel Lopes, Baltasar Lopez, Antonio-Aurelio Gonçalves, Henrique Teixeira de Sousa – nous donnent ici à découvrir. Nhâ Candinha, amie proche de la mère disparue trop jeune du narrateur, était une femme chaleureuse qui savait écouter et consoler les chagrins d’enfant. La procession accompagnant cette « dame de bien » appréciée de tous jusqu’au cimetière est l’occasion pour les uns et les autres d’évoquer sa vie et la leur entre amour, misère et exil. (L’enterrement de Nhâ Candinha Sena de António Aurélio Gonçalves) Henrique Teixeira de Sousa dans Dragon et moi nous livre une histoire d’amitié entre un jeune garçon et le chien qu’il a adopté et le fait avec beaucoup d’émotion. À travers ce récit c’est bien entendu toute son enfance dans une famille modeste et son île qu’il nous raconte. Une postface de Jorge Miranda Alfama replace ces textes assez datés dans leur contexte géopolitique, socio-culturel, économique et littéraire et développe plus avant l’aventure de la revue Clarade et ses liens avec la France et l’Argentine. L’exil souvent y fait sujet, invitant les protagonistes à fuir enfermement et misère pour se lancer à l’aventure vers l’inconnu au-delà de leur horizon dans l’espoir d’une vie meilleure. « Vers le nord ou vers le sud, l’est ou l’ouest, tout chemin était bon pour fuir cette vie mesquine », lit-on ainsi dans Le coq a chanté dans la baie de Manuel Lopes. Mais l’ailleurs ne s’avère pas toujours synonyme de bonheur et de richesse. « J’ai fait bien des tours dans ce monde, bien des vagues m’ont balancé, parfois hautes et menaçantes, parfois puissantes ou encore molles et amicales. Je suis passé par là où je n’aurais jamais pensé mettre les pieds. [...] j’ai arpenté des villes de toutes sortes : énormes ou petites, laides ou belles, calmes ou fiévreuses, mais à quoi bon. J’ai été de ceux qui font le tour du monde et en reviennent les mains vides. » La nostalgie et le manque du pays dès lors se font plus vifs. « Quand la mauvaise étoile m’avait trop poursuivi [...] je pensais à une petite maison que j’avais laissée dans une île presque ignorée du monde, je pensais à mon pays. Souvent aussi à Nhâ Candinha ; son souvenir [...] me rapportait du fond des années comme un calmant divin, la poésie de mon enfance » complète António Aurélio Gonçalves dans L’enterrement de Nhâ Candinha Sena. Dominique Baillon-Lalande (02/07/21) |
Sommaire Lectures Chandeigne (Mars 2021) 184 pages - 14 € Traduit de portugais (Cap-Vert) par Michel Laban Postface de Jorge Miranda Alfama Claridade Le mouvement Claridade naît dans les années 1930 au Cap-Vert. Désireux de se libérer de l’influence intellectuelle portugaise qui valorise le Romantisme et le Réalisme et de mettre en avant la culture nationale, divers intellectuels tels que Baltasar Lopes, Manuel Lopes, Antonio Aurélio Gonçalves, Teixeira de Souza et Gabriel Mariano, créent la revue Claridade, dans laquelle sont publiés articles, manifestes et textes littéraires. Pendant près de trente ans, Claridade révèle les nouvelles voix de la littérature capverdienne et participe à l’émergence d’une vraie vie intellectuelle autonome au Cap-Vert, riche des héritages d’avant la colonisation portugaise. (Source : éditions Chandeigne) |
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