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Thomas CANTALOUBE


Frakas


« La décolonisation du Cameroun [fut] aussi atypique
que sa colonisation : La France accorda l’indépendance
à ceux qui la réclamaient le moins après avoir éliminé
politiquement et militairement ceux qui la réclamaient
avec le plus d’intransigeance. »
(Pierre Mesmer, cité par l’auteur)

 

            Tout au début, en prologue, il y a l’assassinat du représentant de l’UPC (Union Populaire du Cameroun) à Genève.

            Paris, 17 mai 1962. Luc Blanchard, ancien policier écœuré par les usages de la maison, est devenu jeune journaliste à France Observateur et enquête sur un groupuscule clandestin La Main rouge. « René Hartmann [le directeur de la rédaction] avait raison : cette histoire de La Main rouge puait l’intox. »

            Marseille, 19 mai 1962. Antoine Lucchesi fait un transport de contrebande accompagné d’Alphonse. « Quand il ne se réveillait pas à l’arrière d’un vieux chalutier de dix mètres sans odeur de poisson, Alphonse Mukenga était commis de cuisine dans le restaurant de Maria, la compagne d’Antoine. » Nous avons là trois des principaux personnages du roman, personnages très typés, qui vont être embarqués dans la même histoire. On ne peut pas non plus oublier le cynique Sirius Volkstrom, soldat manchot, qui traduit bien une mentalité soldatesque et colonialiste de l’époque. D’ailleurs tous les personnages représentent des facettes de la France des années soixante face à l’Afrique en général, du Cameroun pour ce roman.

            Bien sûr, nous voyons des personnages politiques de ces années-là. Pasqua et le SAC, Gaston Defferre qui avait été ministre des affaires coloniales sous la quatrième République et naturellement Foccart l’homme de la Françafrique qui n’oublie pas ses intérêts commerciaux. Et puis il y a des personnages fictifs qui agissent plus ou moins dans l’ombre et sont plus vrais que nature.

            Ce livre est passionnant, par son intrique et aussi parce qu’il dénonce un conflit passé sous silence depuis de longues années, un conflit où la France établit des camps de concentration, torture et utilise le napalm contre la population dite « upeciste ». A coup sûr, elle le devenait.

            Un roman doublement noir, diablement construit, qui est aussi un roman historique et d’aventures.

Michel Lansade 
(23/06/21)    



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Noir & polar


Thomas  CANTALOUBE, Frakas
Gallimard Série Noire

(Avril 2021)
432 pages - 19 €



Thomas Cantaloube,
né en 1971, journaliste et écrivain, est grand reporter à Mediapart. Après plusieurs essais sur divers hommes politiques, il signe ici son deuxième roman.


Bio-bibliographie sur
Wikipédia


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son précédent roman :

Requiem pour une République