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Parker BILAL


Les divinités


Dans ce roman nous trouvons tous les ingrédients d’un parfait polar.
Un policier, le sergent Drake, harcelé par son supérieur hiérarchique qui lui donne un ultimatum de 48 heures pour trouver les assassins avant d’être dessaisi de l’enquête. Les deux hommes se haïssent depuis longtemps pour d’obscures raisons.
Une psychologue forensique (experte en criminologie de la police scientifique) qu’on impose à Drake contre son gré et qui jouera un rôle déterminant.
Le passé du sergent Drake, rétrogradé d’inspecteur à sergent après une affaire qui a mal tourné.  Cette nouvelle enquête sensible fait monter la pression car il joue aussi sa réhabilitation.
La scène du crime particulièrement macabre et assez inédite ; dans un chantier d’appartements de luxe, au fond d’une excavation, deux corps ensevelis sous un monceau de pierres. L’un d’eux est celui de l’épouse du promoteur immobilier, l’autre d’un amateur d’art franco-japonais.

L’enquête se tourne d’abord vers le gardien du chantier et vers les ouvriers mais la plupart sont clandestins et embauchés au jour le jour par un « marchand d’esclaves ». Piste quasi impossible à suivre. Mais au passage on apprend que leur salaire est amputé de commissions empochées par le gardien et le marchand.

Le contexte social du roman
Dans ce quartier de Londres en pleine mutation situé face à la Tamise, Battersea, les habitations populaires sont rasées au profit des appartements de luxe. Dans les quartiers environnants, une cité multiraciale « Freetown » mêle pauvreté, chômage, violences, drogue. Elle subit régulièrement les assauts des racistes et autres fascistes qui ont incendié la mosquée quelques semaines auparavant. Jadis, Freetown a été un refuge pour accueillir des esclaves émancipés d’Afrique occidentale.
Le sergent Drake, lui-même issu d’une famille pauvre et immigrée (père absent, mère alcoolique) a habité cette cité enfant. Il a fréquenté la mosquée à l’âge de 15 ans et a connu un début de radicalisation. Après les attentats de Londres de juillet 2005, il s’engage dans l’armée et est envoyé en Irak. Il en fait encore des cauchemars, conscient des souffrances et du désastre causés par cette guerre.

L’enquête va mener le sergent dans tous les milieux de la société anglaise ; les gens très riches sans scrupule et à l’opposé les laissés-pour-compte, les bandes qui font des affaires louches, les fêlés de l’hôpital psychiatrique. Le regard que l’auteur porte sur les gens de la cité, qu’on devine à travers l’attitude du sergent, est plein d’empathie, de compréhension. Il est resté des leurs, même s’ils l’accusent de traîtrise. C’est grâce à sa proximité avec eux qu’il va toucher au but, non sans risquer sa vie.

Le style du roman est fluide, agréable, coloré d’argot comme il se doit. L’auteur utilise le nom de Parker Bilal comme pseudonyme. Son nom est Jamal Mahjoub, écrivain d’origine anglo-soudanaise, il interroge à travers ses romans la science et la foi, le monde musulman et le monde chrétien. Dans Les écailles d’or (2015) il dressait un portrait sans concession de la société égyptienne, ses magouilles, ses malversations sous couvert de la foi, l’émergence de l’islam radical en réponse à la corruption.
Divinités est le premier d’une série où l’action se passera dans différents pays d’Europe où l’auteur a longtemps séjourné, nous aurons donc le plaisir de le retrouver bientôt.

Nadine Dutier 
(08/02/21)    



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Noir & polar










Gallimard
Série Noire
(Février 2021)
464 pages - 22 €


Traduit de l'anglais par
Philippe Loubat-Delranc













Jamal Mahjoub,

né à Londres en 1960,
a grandi au Soudan.
Il écrit ses romans policiers sous le nom
de Parker Bilal.


Bio-bibliographie
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