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Le Rwanda a vécu de terribles évènements avec un génocide qui a meurtri le pays au plus profond de ses racines. Scholastique Mukasonga l’a évoqué dans plusieurs de ses romans. Nous partageons dans celui-ci la vie d’un village au temps de la colonisation, les relations entre différentes ethnies, l’arrivée de pères blancs, de Belges, tous avec des intentions différentes. L’importance des rites et des croyances est vécue de façon particulière par les autochtones. Les étrangers arrivent avec leurs propres croyances et désirs. La confrontation est révélatrice de cette complexité qui existe au Rwanda comme dans d’autres pays africains. « Kamanzi, notre sous-chef, est venu pour prendre nos enfants. Le colon l'avait payé pour ça. Il lui avait donné une montre, des lunettes, une bouteille de porto, deux touques pleines de pétrole, un coupon de tissu pour sa femme et ses filles. Il a pris les enfants de Gahutu, de Kagabo, de Nahimana et de beaucoup d'autres. Et même des petits qui n'avaient pas dix ans. Il les a amenés dans le champ du colon. C'était pour cueillir les fleurs qu'avait plantées le colon. Des fleurs avec des pétales blancs et un cœur tout jaune. Le sous-chef avait dit : Les fleurs, c'est pour la guerre. Nous autres les Rwandais, on nous a dit : on doit faire des efforts pour la guerre, la guerre des Belges, la guerre des Anglais, la guerre des Allemands, la guerre de tous les Blancs. Ces fleurs, c'est des médicaments pour les soldats qui font la guerre. Ça tue les moustiques qui les attaquent, qui donnent la malaria. Il faut beaucoup de fleurs. L'administrateur l'a dit au chef, le chef me l'a dit : c'est pour ça qu'il me faut vos enfants. Les petites mains des enfants, a dit le colon blanc, c'est ce qu'il faut pour cueillir les petites fleurs. » La religion joue aussi un rôle important pendant la colonisation et quand survient Ruzagayura, la grande famine, les cultivateurs ne savent plus à qui s’adresser pour que la pluie arrose les récoltes ? Religion et tradition s’entremêlant, c’est Akayézu, exclu du petit séminaire, qui ira retrouver, sur la montagne, Mukamwezi, assimilée à une sorcière, qui vit seule là où Kibogo est monté au ciel. Les Rwandais ont vécu de multiples épreuves mais, fort heureusement, ils ont d’inépuisables ressources qui leur permettent de résister en gardant leur force et leur histoire. Leurs croyances et les relations qui continuent entre les morts et les vivants leur donnent une incroyable détermination et les contes continuent à les maintenir dans la puissance de leur vie. C’est un roman qui montre bien la complexité des liens entre les colonisateurs et le peuple rwandais. L’écriture de Scholastique Mukasonga nous emmène avec beaucoup de finesse et d’humour dans les méandres de ces relations. Brigitte Aubonnet (17/06/20) |
Sommaire Lectures Gallimard (Mars 2020) 160 pages - 15 € Folio (Avril 2022) 176 pages - 6,50 €
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