Dans un hameau à l’écart des villes et des villages, dans un « trou perdu », deux maisons voisines, l’une habitée par Christine, peintre qui a quitté la ville, ses galeries et sa faune pour peindre avec l’esprit libre. Dans l’autre, une famille ; le père Patrice est fermier, il a quelques vaches et beaucoup de dettes. Sa femme, Marion, travaille dans une imprimerie et leur fille Ida est écolière. Quand elle rentre de l’école elle prend son goûter chez Tatie Christine et parfois, dessine et peint avec elle. Justement à l’occasion du prochain anniversaire de Marion, elle prépare quelques dessins. Marion va avoir quarante ans. Le père et la fille se font une joie de préparer une grande fête. Christine fera des gâteaux, Patrice décorera la maison et invitera des collègues de l’imprimerie pour faire une surprise.

Cet anniversaire ne va pas se passer comme prévu. Trois hommes qui se présentent comme trois frères vont s’inviter à la fête et vont révéler, étaler au grand jour toute la vie passée que Marion avait soigneusement dissimulée dans l’espoir de l’oublier. Il va y avoir de la violence, on va plonger dans l’horreur, mais il ne s’agit pas d’un polar. Bien souvent, le drame est annoncé à l’avance au lecteur et la question qu’on se pose est « comment l’auteur va nous y amener ? Par quel chemin, par quels détours ? » Car même quand le suspense est à son comble, Laurent Mauvignier ne se départit pas de la description minutieuse de ce qui se passe chez Christine, bien loin du drame qui se déroule dans la maison voisine. C’est lui le maître du temps, lui qui décide de ce qu’il est important de dire ou de taire, et le lecteur se fond dans cette écriture inouïe avec délectation.

Nadine Dutier 
(08/10/20)    

Laurent Mauvignier,
né à Tours en 1967,
a déjà publié
une quinzaine de livres.