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Bertram le Baladin, voilà un titre qui fleure bon l’époque médiévale. L’appartenance du héros à la guilde des musiciens corrobore ce ressenti, mais aucune information tangible ne vient l’établir avec certitude. Les lieux de l’action évoquent de lointaines et étranges contrées : la cité de La Strid, celle de la Citadelle, le pays des Terres Hautes, mais nul indice ne permet de les situer sur une carte. Quant aux noms des personnages, leur pittoresque s’attache moins à leur identité qu’à leur aspect : Sans-Nom, Chicots, Aigles Rouges. Que les lecteurs amateurs de fantasy se réjouissent, ce flou savamment entretenu ancre Bertram le Baladin dans leur genre favori. Sans exclusivité toutefois... Les amateurs de contes y trouveront leur compte grâce au Seigneur, à sa fille enfermée dans une tour du château paternel, et au sort de celle-ci dépendant d’un concours haletant. Les tenants de la littérature de cape et d’épée ne seront pas en reste non plus. Les capes, plus précisément, les manteaux multicolores, vêtent les musiciens de la guilde et revêtent une importance capitale : ornements, signes de reconnaissance, ils garantissent la liberté de leurs propriétaires et assurent leur sécurité. Les épées, défensives ou offensives, aux mains des gardes royaux, des militaires, des voyous, cliquettent, s’entrechoquent, ne respectent ni les règles établies, ni les couleurs vestimentaires arc-en-ciel. Elles menacent, blessent, tuent. La motivation du héros, fil rouge de l’intrigue, est simple et directe, il s’agit d’une quête : le bien le plus précieux possédé par Bertram, « l’instrument qui avait été, pendant tant d’années, le point central autour duquel toute sa vie avait orbité », « son célèbre luth à six cordes » lui a été dérobé. La reconquête de son luth entraîne une lutte à laquelle le baladin se livre corps et âme. Si l’intrigue malmène quelque peu Bertram le héros, le roman, lui, prend grand soin de son héroïne, à savoir l’écriture. Camille Leboulanger distille sans faiblir une langue élaborée, chatoyante. Ses descriptions sont précises, imagées, palpables. L’action est rythmée ; accélérations et ralentis assurent au récit une dynamique cinématographique, amenant le lecteur à retenir son souffle en cours de lecture. Tous ces procédés signent une maîtrise de style qui permet à l’auteur non seulement d’attiser l’intérêt du lecteur, mais de le renouveler sans cesse. Fascination, angoisse, étrangeté sont dans ce roman mises au service d’un univers mi- fantastique, mi-historique. L’importance de la transmission orale qui fut celle des baladins, troubadours et autres ménestrels, y est parfaitement mise en lumière. Bertram le Baladin invite à la découverte, à l’évasion, à l’émotion. Camille Leboulanger, jeune auteur, s’inscrit avec ce séduisant ouvrage dans la mouvance des talentueux conteurs d’hier et d’aujourd’hui. Catherine Arvel |
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Bio-bibliographie sur le site de l'auteur : camilleleboulanger.fr/ |
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