Le premier que nous voyons c’est Aurélien au buffet de gare de Limoges. Aurélien, c’est le beau gosse à la carrure de rugbyman et « aux bouclettes blondes lui donnant un air éternel d’ado ». Pour le moment, il a une heure à perdre en attendant son pote Josselin qui revient de voyage. Il s’installe pour prendre un café et son attention est attirée par la cliente de la table voisine qui se dispute avec son portable.
« Leurs regards se sont croisés plusieurs fois. Aurélien la dévisageant de nouveau, elle le prend à témoin de son infortune.
— C'est toujours pareil quand on a besoin, il n'y a personne ! »
La jeune femme n’est donc pas attendue comme prévu et doit prendre un taxi. Aurélien, toujours aussi chevaleresque, lui propose de la conduire.
On le retrouvera plus tard en bien mauvaise situation dans une maison abandonnée.

« La découverte est macabre. Chacune des trois premières pièces visitées recèle un cadavre ensanglanté. Dans une pièce attenante, Aurélien gît sur le plancher, couteau en main. Un couteau grand modèle. Du genre à saigner les porcs. Il semble avoir commis un carnage avant de mettre fin à ses jours. Au cours d'un examen plus approfondi, une palpation à la carotide révèle qu'il est encore en vie. »

Aurélien va s’en sortir mais ne se souvient de rien. Il a été drogué et installé là en coupable idéal d’un règlement de compte. 
Comme l’indique avec délicatesse le titre, la joyeuse équipe est confrontée à la mise en place d’un réseau de prostitution dans la région par des proxénètes sans états d’âme.

« Joyeuse équipe » parce que même dans les pires situations, Josselin et ses amis ne perdent ni leur humour ni leur bonheur de vivre et toutes les occasions sont bonnes pour ouvrir une bouteille. Le roman prend parfois des allures de guide des vins en nous présentant au fil des chapitres, une quinzaine de crus avec leurs caractéristiques et les noms des domaines d’origine comme ce « blanc bio du Var, cuvée la Licorne du domaine des Aspras, "la rocaille" en latin. Alchimie des cépages rolle et vieux ugni blanc, ce vin blanc jaune pâle presque transparent, élevé sur lies, développe un nez intense suivi d'une belle rondeur en bouche. » De quoi avoir régulièrement les papilles émoustillées…

Mais ce qui fait aussi l’originalité de cette série policière, c’est bien sûr la découverte de Limoges et de ses environs sans oublier la gare, l’une des plus belles du monde dont nous contemplons ici encore, les sculptures, les quatre allégories représentant les régions traversées par le Paris-Orléans (Bretagne, Gascogne, Touraine, Limousin) et les vitraux « ornés de feuilles, de châtaignes et de glands par Francis Chigot, maître verrier à Limoges. »
  
Les voyous ne sont pas tendres et plusieurs cadavres ensanglantent le roman, mais la joyeuse équipe a du répondant et il n’est pas question de laisser la vermine s’installer sur leur territoire. Dans chaque volume, c’est un nouveau fléau que Josselin et ses amis combattent pour protéger la douceur et l’art de vivre dans leur région face aux requins, escrocs et autres nuisibles qui tentent d’installer leurs trafics et leurs réseaux pour s’enrichir par tous les moyens y compris les plus ignobles. Avec ces courageux résistants, les mafieux de toutes sortes ne seront jamais les bienvenus. Et maintenant, un petit verre de Marcillac, cuvée Pierres rouges, aux élégants reflets pourpres… À votre santé !

Serge Cabrol 
(03/04/20)