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Rosa VENTRELLA

Une famille comme il faut



Vous avez dévoré la saga d’Elena Ferrante ? Vous allez adorer et dévorer cette fresque familiale, passionnante, tendre et cruelle, dont l’action se déroule au cœur d’un quartier pauvre de Bari, dans les années 80 ; rencontrer la famille de Maria, la narratrice qui, comme Lenu, est une élève brillante, et qui comprend, dès ses premières années d’école que l’éducation est une vraie émancipation.

Maria, surnommée, non sans ironie Malacarna, est écartelée entre la honte qu’elle éprouve devant la pauvreté et la rudesse de sa famille, la hantise d’être happée par ce destin et la peur de quitter un jour les siens pour s’extirper d’un milieu sans issue.

Ce roman d’apprentissage est dominé par la figure du père : Maria est fascinée par le mystère que représente cet homme, pêcheur, qui cache quelques livres dans sa cave mais dont la violence terrifie les membres de la famille. L’enfant guette, analyse, les sautes d’humeur de son père, la manière dont il entre dans des rages furieuses pour décrypter et interpréter celles-ci. Elle n’en grandit que plus vite : Au fil du temps, j’ai toujours considéré les événements de ma vie comme nécessaires, au point de me convaincre que rien n’était arrivé par hasard, mais que cela faisait partie d’un destin tracé depuis ma naissance. Et mon père, pour le meilleur et pour le pire, figurait sur ce tableau. Maria porte un regard lucide et sans concession sur ses souffrances, rétrospectives, d’enfant rejetée et malmenée, dans une écriture précise et profonde ; elle confie ses difficultés en amitié, en amour et se construit par les épreuves du quotidien. Autant de thèmes qui pourraient sembler convenus et trop attendus…

Cependant, plus qu’une histoire intime, ce roman est un hymne à cette jeunesse, qui veut échapper au déterminisme social ou qui ne sait que trop qu’elle n’échappera pas à son milieu. Ce roman est aussi un bel hommage à l’amour maternel : la narratrice nous offre des portraits émouvants d’une mère discrète, effacée derrière les coups d’éclat de son mari, mais qui, par son amour inconditionnel, aide Maria à grandir en lui transmettant son expérience et en la respectant…

Rosa Ventrella nous transporte au bord de la mer, au cœur des Pouilles et nous invite à une lecture délicieuse, baignée de soleil et de vitalité, comme l’élan bouleversant et courageux de Maria vers le monde des adultes.

Sylvie Legendre-Torcolacci 
(06/02/19)    



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Les escales

(Janvier 2019)
288 pages - 20,90 €


Traduit de l’italien par Anaïs BOUTEILLE-BOKOBZA





Rosa Ventrella,
née à Bari, a été éditrice et journaliste. Une famille comme il faut est
son premier roman
traduit en français.