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Dimana TRANKOVA


La caverne vide



John vit dans le pays de la terre rouge mais il n’a pas oublié ceux qu’il a aimés au pays de la Patrie Populaire. Quand il reçoit un message lui indiquant qu’un de ses proches est porté  disparu, il décide d’y retourner pour mener l’enquête sur sa disparition et pour retrouver Maya, journaliste comme lui et qu’il a passionnément aimée.

Le roman est structuré autour de ces deux personnages, John l’Américain et Maya, ancienne résistante qui cherche à rentrer dans le rang dans l’espoir de retrouver sa fille qui lui a été enlevée par la police politique. Les aventures de ces deux personnages sont écrites de façon parallèle, un chapitre pour John, un chapitre pour Maya. Ni la structure du roman, ni la vie ne semblent vouloir les réunir.

En prologue une scène très importante pour le fil du roman met en présence Maya et Yavor, un homme qui lui est inconnu. Il lui parle de la femme de la frontière. Une histoire qui date de l’année 1944 où beaucoup d’opposants ont péri en tentant de fuir et qui est un sujet interdit. Suite à cette confidence chuchotée à Maya, cette femme  hante Maya jour et nuit, comme un fantôme qui réclame justice. Maya  enquête dans une maison de retraite auprès des vieilles personnes qui ont connu cette période et peuvent avoir été témoin de cette tragédie. Yavor  va resurgir à la fin du roman, c’est le seul personnage qui parle vrai.  Maya  cède au désir amoureux de Simeonov qui est un haut responsable de la Sécurité d’état mais elle ne lui dit pas quelles motivations la poussent à visiter les personnes âgées.

John de son côté va enquêter sur son ex-beau-frère emprisonné dans un  camp de travail et sur le sort de la fille de Maya qui est sa propre fille. C’est une enquête très dangereuse et pleine de rebondissements où John prend de gros risques et déjoue tous les pièges.

Le pays « de la patrie populaire » est un pays des Balkans « dont l’ancien nom a été oublié par tout le monde » et qui n’est jamais cité si ce n’est par la traductrice en bas de page. Mais la Bulgarie a particulièrement souffert de la sécurité d’état sous le régime communiste.
La société qui est décrite est cauchemardesque. Chaque individu est contrôlé en permanence grâce à une puce d’identification logée sous sa peau. Tout résistant est envoyé dans un camp où le travail le réduit en esclave, ses enfants sont déposés dans des « Maisons du bonheur ». L’idéologie du parti au pouvoir est à la fois nationaliste et communiste.
Pourtant des groupes de résistance existent qui semblent aussi inquiétants que ceux du pouvoir.

Une postface nous éclaire sur le contexte et les motivations de l’auteur.  Ses sources d’inspiration sont la Caverne de Platon et 1984 d’Orwell. La Caverne pour le jeu des apparences, qui rend les hommes prisonniers des illusions. 1984 pour le travestissement de la vérité historique, pour l’organisation démoniaque de la surveillance (qui n’a plus rien de science-fiction puisque ce sont des pratiques librement acceptées même en France aujourd’hui).

Nadine Dutier 
(17/07/19)    



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Intervalles
(Juin 2019)
536 pages - 22,90 €


Traduit du bulgare par
Marie Vrinat-Nikolov








Dimana Trankova,

née en Bulgarie en 1980, archéologue et journaliste, a déjà publié
Le sourire du chien
chez le même éditeur.