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Arthur nait laid. Beaucoup de bébés ne sont pas beaux à la naissance mais Arthur est vraiment très laid et rien ne s’arrange au fil du temps. Il reste toujours aussi laid. Ses parents finissent par l’accepter et l’aimer ainsi mais c’est très dur au départ de faire le deuil du bébé « fantasmé » qui devait être mignon comme l’imaginent tous les futurs parents. « Mes parents ont gardé de ma naissance une sorte de traumatisme. Un traumatisme un peu honteux : ils avaient perdu leur bébé, leur Ange – ou leur Angeline – or leur enfant était vivant. » Le père d’Arthur dessine et sculpte : « Très vite, il a trouvé d'autres sources d'inspiration. Quand on sortait, il lui arrivait de prendre son carnet pour saisir la laideur sur le vif, croquer les laideurs qui se présentaient – autres que la mienne. Puis par extension, il s'est mis à dessiner les misères, les choses cruelles... Un clochard le sexe à l'air, la bouteille vide à ses côtés. Des détritus sur le trottoir. Un bidonville en pleine ville, sous le métro aérien, les migrants entassés là, leurs visages, leurs grands yeux. Dans les dessins de mon père, les malheureux, les démunis, les désemparés avaient toujours de grands yeux. Les laids aussi. » Nous suivons le parcours d’Arthur de sa naissance à l’âge adulte avec tous ses espoirs, ses désillusions, ses souffrances, ses obsessions… Comment se faire des amis et plus tard comment ne pas rester puceau ? En effet, être laid entraîne un regard très particulier des personnes rencontrées. L’aspect physique joue un rôle primordial dans la construction des relations humaines. C’est une injustice ressentie avec beaucoup de douleur car cela isole terriblement. Ce qui fait la force de ce roman, c’est de vivre le quotidien d’Arthur avec sa laideur qui, au même titre que le handicap ou toute autre différence, modifie profondément le rapport au monde. Nous partageons la vie d’Arthur comme nous avons pu partager la vie de Grégoire, un être décalé par rapport à la réalité, dans le roman Je suis très sensible. Isabelle Minière explore avec beaucoup de délicatesse l’intimité des êtres qui ne se sentent pas dans « la norme ». Mais où se situe la norme ? C’est une frontière très floue et l’essentiel est d’arriver à se trouver en harmonie avec soi-même et avec les autres. La sensibilité et l’humour se retrouvent au fil des pages. La lecture en chapitres courts est très agréable et rythme parfaitement les sentiments du personnage. Brigitte Aubonnet (13/09/19) |
Sommaire Lectures Serge Safran (Mai 2019) 248 pages - 17,90 €
Vous pouvez lire sur notre site un entretien avec Isabelle Minière découvrir d'autres romans : Ce que le temps a fait de nous Mon amoureux et moi Je suis sensible On n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise Au pied de la lettre et pour la jeunesse : Chouette divorce ! J’aime pas les bébés |
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