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Michèle LESBRE

Rendez-vous à Parme


L’héritage que Léo, un ami de jeunesse, va léguer à Laure, une partie de sa bibliothèque, va la replonger dans son passé. Celui de la petite troupe de théâtre où ils jouaient ensemble depuis le lycée et de cette amitié qui avait perduré alors que lui avait fait de la scène son métier quand elle était passée à autre chose. Dans les cartons, outre les pièces que le metteur en scène avait montées dans sa carrière et les livres dont ils avaient eu plaisir à débattre ensemble, dans un dernier carton à l’inscription « Voilà les livres dont je me souviendrai au paradis, ils sont pour toi » elle trouve un exemplaire de La Chartreuse de Parme. Un ouvrage qui ne réveille chez elle aucun souvenir en lien avec son ami mais ouvre une autre porte dans sa mémoire. Ce livre la ramène à ses vacances, adolescente chez sa grand-mère, quand sur la plage normande un homme d’âge mûr lui avait fait la lecture tout l’été comme il aimait le faire à sa fille décédée depuis peu. Elle se souvient aussi qu’au moment du départ l’homme lui avait offert le roman de Stendhal en lui murmurant plein d’émotion : « Quand vous serez plus grande, vous irez à Parme, il faut lire ce roman de Stendhal à Parme ». Ce cadeau Laure l’avait égaré, ne l’avait jamais ouvert et n’avait encore jamais visité Parme.
Remuée par cet afflux de souvenirs, sur un de ces coups de tête dont elle a fait sa spécialité, elle décide alors de partir seule à Parme avec dans ses bagages l’exemplaire reçu en héritage, animée de l’étrange sentiment d’honorer plus de vingt ans plus tard comme une promesse. Peut-être y retrouvera-t-elle aussi son ami Léo pour un dernier adieu.

Si la ville inconnue résiste à s’ouvrir à elle et à lui livrer ses secrets, la visite du bâtiment vide du Théâtre Farnèse ranime en Laure un autre feu, celui des textes appris et joués autrefois sous la direction de Léo, celui des spectacles de Chéreau, Kantor ou Peter Brook dont les fantômes semblent envahir l’espace de ce superbe lieu, qui l’ont autrefois émue, accompagnée et nourrie. Des hommes, des textes, des personnages qui ont joué un rôle essentiel dans son existence. Un moment intense qui la bouscule et réveille son appétit de vie.  Dans un soubresaut qui l’amène à rompre sa solitude, elle invite Jean, un amant parisien avec lequel la romance n’a été pour l’instant qu’ébauchée, à la rejoindre pour poursuivre le voyage…

      Les sujets chers à Michèle Lesbre, le passé, l’amour, le désir, les doutes mais aussi la littérature, le théâtre, le voyage et  l’Histoire, sont ici encore au rendez-vous dans une de ces ballades, intimes mais pudiques, profondes et douces, dont l’auteure a le secret.
On y retrouve son écriture concise, subtile mais dense, comme un murmure musical à notre oreille, dont le charme opère irrésistiblement.

Femme libre, exigeante et aimant la vie, passionnée du verbe et de la littérature, Michèle Lesbre poursuit de livre en livre sa route d’écrivain. Et son art est de parvenir à ce que ce plaisir délicat qu’elle nous offre, celui d’accompagner ses errances à travers ses mots, de partager ces moments suspendus, émotionnellement forts, mystérieux et troublants hors de la course du temps, demeure et se renouvelle.
Parvenu à la dernière page de ce beau roman, le lecteur regrette que la parenthèse doive déjà se refermer. Ne lui reste alors que l’écho de cette petite musique flottant dans sa mémoire et, parfois, un sourire un peu absent sur les lèvres.

Dominique Baillon-Lalande 
(22/02/19)    



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Lectures









Sabine Wespieser

(Février 2019)
120 pages - 15 €







Michèle Lesbre

a déjà publié une vingtaine de livres et obtenu plusieurs prix littéraires dont le Prix Pierre-Mac-Orlan, le Prix Millepages, le Prix des libraires Initiales...






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