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Nous connaissons ces auteurs et leur capacité à emmener les lecteurs dans des structures mentales complexe et à faire monter la tension très régulièrement. Nous avons également pu constater dans leurs précédents romans que les personnalités des policiers sont fouillées, leurs actes déterminés bien analysés, et les parcours des criminels ou dangereux psychopathes, quant à eux, lentement révélés. Mais, et c’est là le talent du couple de romanciers, sans altérer le suspense ou la ligne dramatique, soit pour nous préparer à une surprise finale, soit pour entériner notre déduction (peut-être avait-on commencé à comprendre ?) ils l’accentuent, ou la détournent au dernier moment ! Très fort ! Ce Vendredi 26 août, comme le précise le titre du premier chapitre, le ministre des affaires étrangères, est assassiné au cours de ses ébats sado-maso avec une prostituée occasionnelle : « Sofia sent des gouttes chaudes éclabousser ses lèvres puis voit la cartouche vide rebondir sur le sol. Un nuage gris a envahi la cuisine. Wille s’écroule, mort, comme un sac rempli de morceaux de bois et de tissu mouillé. » Entre-temps, nous allons remarquer plusieurs personnages intéressants, et notamment Rex Müller, cuisinier médiatique, qui est justement sollicité pour parler à la télévision de son ancienne amitié avec le ministre assassiné. Son partenaire et coach, le jeune David Jordan qui est proche de lui, et son fils Sammy, avec qui il essaie de renouer une relation quelque peu distendue. Viennent ensuite dans l’histoire, une ancienne amie de Joona, horticultrice. Et puis quelques personnages que Joona doit contacter ou observer. Ont-ils un lien ? Sont-ils des éléments déterminants ? Après la description que Sofia parvient à faire de la manière dont le tueur a abattu sa victime, Joona en déduit que c’est quelqu’un d’entraîné, d’organisé et que le but qu’il poursuit doit être bien précis. Après la découverte d’autres crimes, une sorte de rituel semble également apparaître : la victime doit bien comprendre la raison de la durée de son agonie et avant de mourir entendre une comptine où il serait question de lapins… La piste terroriste demeure et des actions sont alors menées... Mais, « Pour la Sapö, l’absence de terroristes n’a aucune espèce d’importance […] Et comme les hommes politiques ne peuvent pas avouer un tel gaspillage d’argent public, l’intervention est considérée comme un succès. » Mais les crimes continuent et Joona en déduit alors que « Le criminel auquel la police à affaire porte en lui une colère qui, à un moment donné, le fait basculer du mauvais côté et commencer à tuer ceux qu’il tient pour responsables ». Certaines pages vont nous permettre de savoir ce que pense ou fait ce criminel, ce « Chasseur de lapins », mais sans pour autant soulever le moindre indice quant à son identité, bien cachée derrière sa cagoule. « Il sait qu’il ne doit pas céder à la colère, qu’il ne doit pas montrer le vilain visage, même lorsqu’il est tout seul. » Alors, bien sûr, c’est l’écriture – qui n’hésite pas à montrer avec force détails, certaines scènes afin de les rendre bien visibles – et la maitrise parfaite de la construction dramatique qui tiennent en haleine les lecteurs jusqu’à la fin. Mais c’est aussi cette finesse dans l’interprétation des comportements des êtres, qu’ils soient victimes, assassins ou policiers, qui donne à ce roman sa pleine densité. C’est fort, et c’est parce que nous sommes maintenus tout au long de ces pages, comme penchés au-dessus d’un abîme, que notre plaisir s’épanouit autant ! Anne-Marie Boisson (24/05/18) |
Sommaire Noir & polar ![]() Actes Sud (Avril 2018) 576 pages - 23,80 € Babel (Octobre 2021) 656 pages - 9,90 € Traduit du suédois par Lena GRUMBACH
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