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Sophie SAULNIER


Le massicot


« Récapitulons. Jiacomo Chiato avait une boutique de livres, Jacquet une boutique de laine, et Line, la pauvre Line, une boutique de couture. »

Jiacomo Chiato, le libraire-éditeur (aux drôles d'initiales) à la réputation internationale, meurt : « on l'a retrouvé mort, par terre, sur le sol carrelé de sa librairie. » Pour la police, qui dit mort dit meurtre et elle accuse Steven Saul (drôles d'initiales encore, comme celles de l’auteur), jeune écrivain de trente-deux ans (tiens, justement un an de moins que l’âge du Christ à sa mort, à sa flagellation) et l'envoie à la prison de Coufougnou-Coconacium (encore un drôle de nom) qui se trouve juste en face de la maison familiale où il a passé sa jeunesse (drôle de coïncidence).

SS fait des incursions et même des excursions avec des codétenus dans le souterrain de la prison où il rencontre Saint Jérôme occupé à sa version de la Bible et ses animaux. Le roman policier se fait conte policier, avec toute la fantaisie allègre du conte, le lion du saint enquêteur, le chat, le chien et l’ours chantent, dansent, font du théâtre et ils concourent à la recherche de la vérité. Il faut bien disculper Steven Saul ! À moins que, comme Huguet peignant l'intérieur de l'église de la prison, la littérature soit un moyen de s'échapper, la véritable évasion, de l'enfermement du tableau.

« Récapitulons. Jiacomo Chiato avait une boutique de livres, Jacquet une boutique de laine, et Line, la pauvre Line, une boutique de couture. »

Le roman est hanté par l'image (flagellation du Christ, peinture de Saint Saturnin, Saint Jérôme, peinture d’Utrillo et photos). « Seule l'image tue le temps, elle ne dit rien du temps, elle est là tout entière, c'est nous qui la déchiffrons dans le passé et le présent, le passé et notre présent. Et nous, on en fait ce qu’on voulait en faire, on en fait notre présent. »

Le massicot explore le souterrain de la chaîne de la création littéraire à l'aide de personnages fictifs (Jiacomo Chiato, Line...) ou bien réels (Apollinaire, Rilke...). C'est un roman policier drôle qui mute, à la fois loufoque et cartésien, qui s'amuse avec les codes littéraires, qui s'amuse et nous amuse.

Michel Lansade 
(24/05/17)    



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Noir & polar








Le lampadaire
(Mars 2017)
204 pages - 15 €