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Alice, esthéticienne, souffre d'avoir quitté sa campagne pour cette capitale qui l'effraye et ne supporte que difficilement ses transports journaliers domicile-travail en métro. Elle est particulièrement irritée par les petits encarts de poésie qui y sont affichés. Sur cette même ligne 7 et à la même heure matinale circule Nadya, celle que l'éducateur de jeunes adultes qui la suit appelle « la douce-dingue ». Celle qui note sur le petit carnet qui ne la quitte jamais les mots et les images qui surgissent dans sa tête pour juguler ses peurs, boit, au contraire, ces quelques vers arrachés au métro comme si sa vie en dépendait. « Ce n'est pas encore aujourd'hui que le grand monde l'avalera » (Poésie urbaine 2) L'étrange duo de ces femmes inconnues l'une à l'autre, que seuls le transport urbain, une sensibilité poétique et une souffrance à être viennent réunir, habitent parallèlement quatre nouvelles (Poésie urbaine 1 à 4) pour s’apercevoir de leur existence réciproque dans Poésie urbaine 5 et paraître ensemble dans la dernière nouvelle du recueil (Poésie urbaine 7). Dans cette série viennent s'intercaler de façon indépendante et loin du métro, quelques tranches de vie vécues par d’autres, femmes ou hommes, rapportées en toute intimité. La vie pèse lourd sur les épaules d'Alice et de Nadya mais aussi des personnages des nouvelles périphériques qui viennent apporter leur écho à la voix des deux femmes. Mais le noir n'est pas la couleur de Gaëlle Pingault qui aime à célébrer la beauté et la vie, qui parvient à introduire son once d'espoir au cœur même de la tristesse, de l'épuisement (Perdre le nord), de l'abandon (Tu dors petit homme), du deuil (La nuit je ne mens plus) ou de l'angoisse (Poésie 4 ; Ciel d'orage). Toujours émouvante et pleine d'humanité, Gaëlle Pingault sait aussi se faire provocatrice ou drôle. Ainsi dans ce passage où Alice hargneuse et agacée comme elle l'est souvent sur la ligne 7 le matin quand ses yeux se posent sur ces placards poétiques qu'elle exècre : Des incartades poétiques de la main même de l'auteur viennent émailler l'ensemble, et la poésie sous toutes ses formes (y compris la chanson) devient ici non le sujet commun mais le fil rouge, la permanence du recueil, comme la seule expression possible de l'intimité, la seule échappatoire au poids du quotidien. Un excellent recueil original et audacieux qui illustre une fois de plus les qualités littéraires de cette nouvelliste trop peu connue et confirme l'excellent travail de Quadrature quant à la nouvelle de langue française. Dominique Baillon-Lalande (20/02/17) |
Sommaire Lectures éditions Quadrature (Janvier 2017) 82 pages - 10 €
Pour visiter le blog de Gaëlle Pingault : http://gaellepingault. blogspot.com/ Découvrir sur notre site d'autres recueils du même auteur : On n'est jamais préparé à ça Ce qui nous lie |
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