« Les quatre membres du "gang des honnêtes gens" étaient réunis le mercredi soir au Cochonnet où ils faisaient si bien semblant de jouer à la belote. »
En 1970, date de l'écriture du roman, la société se bouche, comme la brume qui descend sur le port de la ville où se situe le roman, c'est le début du chômage de longue durée et du temps où l'on ne peut plus progresser dans son entreprise.

Paul Récord, 49 ans, ancien directeur de la Nordcoop, n'arrive pas à retrouver un poste de direction, alors que diriger est tout ce qui le motive.
Raphaël Davila, architecte, pied-noir, végète dans une entreprise de "construction et logements", loin de la vie fastueuse qu'il avait en Algérie.
Norbert Souche, officier de police, ne peut espérer un avancement à cause d'une affaire où il a montré toute son honnêteté et son efficacité !
Enfin, Francis Ballogne, responsable de la clientèle à a banque Société Régionale, a une petite fille, Sylvie, handicapée. Francis Ballogne est un peu à part. « Dans le gang des honnêtes gens, il était le seul véritablement honnête. […] Pour Francis et Gisèle Ballogne, pour la petite Sylvie et l’opération qui allait sans doute faire d’elle une enfant comme les autres, il fallait réussir. »
Voilà le gang des honnêtes gens. Rien ne les lie, ni le milieu social, ni le milieu professionnel, ni les loisirs, ni même le Milieu tout court.
Indétectable est ce gang qui va se lancer dans le braquage souterrain d'une banque.

Dans ce roman policier de littérature populaire, "fait à l'ancienne", outre l'ingéniosité des préparatifs du braquage pour des "gens ordinaires", c'est surtout l'épaisseur des personnages qui retient notre attention. Ils ont chacun leur motivation, leur caractère, leurs failles et parfois leur démesure, tout en restant des hommes lambda. Ils sont bien là et nous sommes en empathie avec eux.

Un très bon roman de divertissement. Bravo aux éditions French Pulp de le rééditer

Michel Lansade 
(04/07/17)