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Stéphanie KALFON

Les parapluies d’Erik Satie


Nombreux sont les artistes qui ont porté leur vie comme un fardeau. Erik Satie est de ceux-là.

Fauchée par la faucheuse, sa mère décède alors qu’elle est encore jeune et que Satie n’est qu’un enfant. Un frère, une sœur, un père, tous sont chagrin. Le conversatoire où le jeune Erik fait ses premiers pas musicaux l’est encore plus. Le jeune homme est jugé médiocre. Puis passable. D’accord, d’accord. Puisque c’est comme ça, Satie ne fera que passer.

D’un appartement placard à un autre, il va confier sa vie au vide et à l’alcool. La musique, oui, la musique mais le vide d’abord. On le croyait excentrique, il n’était que le trouble-fête de sa tristesse. On croyait qu’il s’en sortait, vivotait plus ou moins, il ne faisait que broyer la misère au dérisoire moulin du temps qui ne passait pas.

Vie de désert.
Vie à côté.

Mort. C’est seulement mort que Satie devint vivant.

Tout cela, Stéphanie Kalfon ne le raconte pas : elle nous le fait éprouver. À travers une écriture qu’Erik n’aurait pas reniée, elle nous plonge dans le cœur du musicien poète – cœur écorché qui n’a jamais su jouer le jeu du vivant.

Poète, le style des Parapluies d’Erik Satie l’est aussi. Poète et non poétique tant c’est un être en plus d’une voix que l’on découvre à chaque page. L’être qu’est l’écrivaine Stéphanie Kalfon, elle qui semble avoir fait sienne la singularité de son personnage. Aux mots qu’elle nous fait entendre de lui, lui l’artiste qui chavire, se mêlent les siens sans que l’on ne sache plus vraiment qui conduit l’autre.

Il y a de la danse dans ce livre-là.
Il y a de l’amour entre un sujet et son auteure.

Assurément, la voix ou les voix qui nous parlent ici sonnent vraies. Sonnent sensibles. Elles ouvrent surtout grandes les fenêtres de l’avenir de ce roman – ou peut-être long poème ? – Quant à Satie, il a enfin trouvé sa place. Car son être, son âme, Stéphanie Kalfon a su les honorer.

Isabelle Rossignol 
(01/03/17)    



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Joëlle Losfeld

(Février 2017)
216 pages - 18 €








Stéphanie Kalfon,
scénariste et réalisatrice, signe ici son premier roman.