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« Ces nouvelles personnes sincères ont besoin Le livre qui n’est ni un roman, ni un récit se présente comme une suite de saynètes ou d’anecdotes autobiographiques d’une jeunesse pétersbourgeoise et soviétique, à chaque fois titrées. « L’analyse d'urine… Comment un kangourou vit avec un éléphant… Les pantalons en cuir… Les toilettes de l'université… » Il est divisé en deux parties. La première partie est consacrée à la jeunesse de l’auteur, de l’école primaire à sa vie d’étudiant. Dans Les gens à nu et La gamme à globuline, on peut voir dans une sorte de glissement les thèmes du livre. Tout d’abord une réflexion générale : « Être seul, c’est être complétement sans défense […] Être seul, c’est ne rien posséder. N’avoir aucun objet à soi […] Tu es complétement nu. Une personne solitaire est complétement sans défense. Surtout si c’est une petite personne, […] qu’il n’a que sept ans. Pour une petite personne se montrer nu, c’est la honte. » Cette réflexion au départ générale finit sur le sujet de cette première partie, l’enfance et sa fragilité. Suit un souvenir de jeunesse. Dans les années soixante-dix, ses parents avaient recueilli un enfant vietnamien. Celui-ci avait écrit un scénario où une Vietnamienne se fait violer par les soldats américains et s’enfuit dans un couvent. À la fin de la guerre, le mari revient au village et parcourt la moitié du pays à la recherche de sa femme. Le scénario commençait ainsi : « Les violeurs américains violent une femme vietnamienne en nu. La femme en nu appelle au secours. Des rires ignobles. » « Femme en nu » parce que la veille on lui avait montré des tableaux de femmes en bleu, en blanc, en noir, alors pourquoi pas « en nu ». Son scénario a été refusé par les autorités vietnamiennes car jugé, beau et léger, trop bourgeois, pas assez dans la ligne du réalisme socialiste. Le souvenir nous montre une femme seule, à nu, un enfant qui a produit une littérature sincère, sans la cire des théories, devenu bien seul, à nu, et une critique de l’art d’état. La saynète se termine par un dernier souvenir d’école. « Chaque année à l’école, avant la rentrée, on nous soumettait à une visite médicale. Elle se terminait par une procédure humiliante pour l’enfant. L’infirmière demandait au petit patient de s’étendre […] baissait ensuite le slip de l’enfant allongé et lui piquait dans les fesses de la gammaglobuline. Ce n’était pas seulement douloureux et humiliant à la fois […] Tu sentais sur toi, tes fesses nues et honteuses, les regards de tes camarades de classe. Surtout ceux des filles. « Gamme à globuline » quand j’entendais ce groupe de mots, la solitude me semblait particulièrement insupportable. » Ainsi nous aurons vu des solitudes, des mises à nu. La deuxième partie est consacrée à la vie adulte, toujours à Saint-Pétersbourg, capitale du nord de la Russie maintenant, toujours avec des anecdotes, mais beaucoup plus de critique littéraire, particulièrement de la littérature moscovite. Les Gens à nu, c’est un autoportrait en dérision de l’auteur, c’est la solitude de l’homme moderne qui se met à nu, c’est un plaidoyer pour une « littérature sincère » qui regarde vers la littérature américaine revisitant la littérature russe. Michel Lansade (07/12/17) |
Sommaire Lectures Macha (Septembre 2017) 250 pages - 18,90 € Traduit du russe par Florent et Irina VERJAT
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