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On retrouve avec bonheur l’atmosphère des grands classiques de la littérature policière américaine même si l’enquêteur, ici, n’est pas un privé mais un journaliste, Sully Carter, ancien correspondant de guerre (comme l’a aussi été l’auteur pendant huit ans) que le whisky n’aide pas vraiment à se remettre de ce qu’il a vu là-bas. Quelques cicatrices et une légère claudication sont là pour le lui rappeler mais sans l’empêcher de sillonner Washington en chevauchant sa Ducati 916 de 1993. Un journaliste désabusé et têtu, diablement efficace. L’affaire qui le préoccupe aujourd’hui commence comme un fait divers. Une jeune fille venue faire quelques achats dans une supérette est ennuyée pas trois garçons plutôt insistants. Elle leur échappe en sortant par la porte arrière du magasin mais un peu plus tard, son corps est retrouvé dans la benne à ordures d’une ruelle voisine. Pas de quoi mobiliser la presse et toutes les forces de police de Washington sauf si la jeune fille est blanche, que les trois garçons sont noirs et que le père de la jeune fille est le juge David Reese, président de la Cour fédérale et candidat à la Cour suprême. Sully Carter connaît bien le quartier de Park View et il a ses informateurs aussi bien chez les voyous que dans la police. Sly Hastings, par exemple, le chef mafieux du quartier, voit d’un mauvais œil qu’une affaire pareille vienne troubler son territoire. Des policiers, des journalistes, des caméras, des enquêtes de voisinage, des perquisitions, des interpellations, tout ça n’a rien de bon pour les affaires et il faut que ça cesse au plus vite. Le mafieux n’a pas eu beaucoup de mal à identifier et interroger les trois jeunes Noirs, avec suffisamment de persuasion pour croire leur version : ils n’ont pas suivi la fille et ne savent rien de ce qui s’est passé après son passage au magasin. Sully a un coup d’avance sur la police, il sait déjà qu’il faut chercher ailleurs. Mais où ? Qui a tué cette fille et pourquoi ? Est-ce le juge qui est visé par l’assassinat de sa fille ? Le journaliste découvre que d’autres jeunes femmes ont été assassinées dans le même quartier sans que la presse en fasse un titre puisqu’elles n’étaient ni blanches ni filles de juge. Y a-t-il un lien entre ce meurtre et les précédents ? Sully poursuit plusieurs pistes en utilisant les bonnes vieilles méthodes – « On n’arrêtait jamais, même pas une seconde. C’était ça, le truc. On passait son temps à insister, négocier, poser des questions, fourrer son nez dans les affaires des gens, se prendre la merde, les insultes, se battre contre la dépression, et le désespoir, jusqu’à ce que quelqu’un finisse par parler. » – et tous les canaux possibles pour obtenir des infos, y compris auprès de certaines connaissances dans les commissariats sans jamais croire les versions officielles. « Faire confiance à la police – en particulier à celle de Washington – n’avait jamais fait partie de sa liste de trucs intelligents à faire dans la vie et ce n’était pas près de commencer. » Sully enquête en solitaire, questionnant les uns et les autres, sans pouvoir s’appuyer vraiment sur la direction de son journal dont une rédactrice en chef, Mélissa Baird, lui voue une haine tenace ne cessant de lui mettre des bâtons dans les roues dès que possible. Serge Cabrol |
Sommaire Noir & polar ![]() Gallimard / Série Noire (Novembre 2015) 338 pages - 21 € The ways of the dead Traduit de l'américain par Alexandra Maillard
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