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Éric-Emmanuel SCHMITT

Les perroquets de la place d'Arezzo



Dans ce roman, ce ne sont pas les perroquets qui sont observés et décrits en détails mais les habitants des maisons qui entourent la place et plus particulièrement les relations, nombreuses et variées, qui se tissent entre eux. Il faut dire qu'il y a de quoi observer et Éric-Emmanuel Schmitt nous offre un catalogue de comportements amoureux très riche, mais aussi plein d'émotion et d'humour.

Le roman est construit en quatre parties aux titres liturgiques (L'annonciation, Magnificat, Répons, Dies Irae) et précédées chacune, d'un prélude consacré aux perroquets.
Comment de telles bêtes, issues d'horizons lointains, d'origine indienne, amazonienne, africaine, pouvaient-elles vivre à Bruxelles, libres, en bonne santé, malgré le climat maussade ? Pourquoi au cœur du quartier le plus huppé ?
Comment ces oiseaux des pays chauds avaient-ils investi notre froid continent ? Pourquoi cette jungle tropicale s'enracinait-elle au cœur de la cité ? Par quelle folie des cris sauvages, des hurlements de rut, des débauches effrénées, des couleurs crues, franches, barbares, agitaient-ils la morne quiétude de la capitale européenne ?

Pour les enfants, rien de plus normal mais, pour les adultes qui ont toujours besoin de légitimer l'incohérence, une légende apporte une réponse page 159.
Quoi qu'il en soit, au fil du roman on va comprendre que les humains n'ont rien à envier aux perroquets en terme de cris sauvages et de hurlements de rut.

La première partie, en quinze chapitres, nous présente une trentaine de personnages : économiste international, avocat, attachée de presse, fleuriste, étudiant, jardinier, concierge ou galeriste, avec leurs enfants, conjoints, maîtresses ou amants… Toute la faune de la place d'Arezzo dans sa richesse et sa diversité avec tous les comportements amoureux qu'on peut (ou non) imaginer : dans le cadre du mariage ou clandestin, hétérosexuel, homosexuel, sadomasochiste ou platonique, certains s'autorisant tout, d'autres au contraire se l'interdisant pour des raisons qu'on comprendra plus tard…
Ce n'est pas le message de l'ange Gabriel à la Vierge pour lui annoncer sa conception miraculeuse que reçoivent tous ces braves gens mais une enveloppe jaune glissée anonymement dans leur boîte à lettres : "Ce mot simplement pour te signaler que je t'aime. Signé : tu sais qui."
Les réactions des intéressés à l'ouverture de ce courrier sont très différentes les unes des autres, souvent drôles ou inattendues.
Par exemple : Il s'empara d'un briquet, brûla le papier.
-Vive les épouses et vive les putes ! Ce sont les seules femmes qui se contrôlent.

Ou bien : Aucun message ne pouvait autant le faire souffrir. Peu importait qui le lui envoyait, oui, peu lui importait : il ne voulait pas entendre une déclaration.
Ou encore : Une risette tendre lui déchira le visage et il haussa les épaules en murmurant :
- Maman, tu exagères…

Au fil des parties suivantes, on retrouve tous les personnages, les relations se croisent entre les uns et les autres, de belles histoires d'amour s'épanouissent, parfois surprenantes pour les personnages comme pour les lecteurs.
Mais pas d'amour sans souffrance, le jour de colère succède au magnificat et aux répons, alors le roman va comporter aussi son lot de déceptions et de ruptures. Les chutes seront à la hauteur des altitudes atteintes, des positions sociales ou de la taille des mensonges. Chutes au sens figuré mais aussi au sens propre : – Nous avons une mauvais nouvelle, monsieur. Ce matin, à six heures et demie, votre femme s'est jetée d'une tour. Elle est morte.
Heureusement, les choses ne tournent pas toujours aussi mal et une adolescente se remettra sans trop de séquelles d'une tentative de suicide au Nutella.

On ne s'ennuie pas en lisant ce gros roman, parce que non seulement l'auteur présente une palette très large de personnages, de relations et de comportements, avec beaucoup d'humour ou d'émotion, mais aussi parce qu'il fait sans cesse rebondir les situations. Un feu d'artifice permanent. La succession de chapitres courts, où l'on passe d'un univers à l'autre, crée un rythme soutenu auquel on s'accorde rapidement et augmente ce sentiment de multiplicité des situations et des réactions qui participe grandement à la richesse du livre, offrant un large panorama de la diversité contenue dans un microcosme géographique et social, la place d'Arezzo au cœur de Bruxelles, où perroquets et humains se révèlent être tout de même de drôles d'oiseaux.

On sentait qu'il allait se passer quelque chose.
– Mais quoi ? criait un gris du Gabon. Mais quoi ?

Serge Cabrol 
(24/10/13)   



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Lectures








Albin Michel

(Août 2013)
736 pages - 24,90 €


L'éditeur a réalisé
une vidéo
où l'auteur
présente son roman.




Livre de poche

(Août 2015)
792 pages - 8,60 €




Éric-Emmanuel Schmitt,
né en 1960, normalien, agrégé de philosophie, docteur (thèse sur Diderot), romancier, nouvelliste et dramaturge, est l'auteur d'une trentaine de livres traduits en 43 langues. Plus de 50 pays jouent régulièrement ses pièces.

Visiter le site
de l'auteur :
www.eric-emmanuel
-schmitt.com




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