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Marc SALBERT sur l'engagement humanitaire Quel titre ! Aventure rocambolesque ? Situations cocasses ? Dès la première phrase nous voilà plongés dans l’expectative : « Depuis quand les voitures se font-elles percuter par des minibars ? » Le questionnement ne fait que commencer. Le responsable de ce terrible et fort couteux accident, est Arthur Berthier, journaliste culturel venu "couvrir" le Midem à Cannes. Quant au minibar volant, il provient de sa chambre d’hôtel. Et nous comprenons qu’à la suite de circonstances nocturnes quelques peu confuses, et qu’il ne peut avouer, le minibar aurait échoué sur le balcon, basculant ensuite, pour atterrir malencontreusement sur une voiture garée sur le trottoir. Le départ de l’aventure est donné, le ton est assorti. Le journaliste va être "puni" par sa rédaction en étant affecté aux informations générales. Il ne pourra plus bénéficier de ce plaisir continu qui consiste, à se livrer, moyennant un article sérieux, à sa passion de toujours : le Rock des années 70. Les concerts. La musique ! Arthur est divorcé, père d’une ado branchée qu’il voit à l’occasion. Il est sympathique, tout comme son photographe et ami Hassan. Notre journaliste doit effectuer sa "punition" et le directeur du journal, Descroix (un patronyme intéressant), lui confie rapidement un reportage : Notre héros part donc interviewer les Afghans qui campent, rencontre un militant d’une association et… lorsqu’une bagarre éclate avec des CRS qui veulent empêcher Hassan de prendre des photos, il s’interpose « en brandissant sa carte de presse. Vlan ! Le bout de la matraque le toucha à l’arête du nez. Arthur lâcha sa carte, le choc le fit basculer en arrière. Il vit tournoyer le faîte des marronniers, des tilleuls, des chênes et du cèdre de Chine qui culminait dix-huit mètres, là-haut, tout près du dernier étage des immeubles haussmanniens qui bordaient la place. […] Avant que sa nuque ne heurte la bordure de l’allée, il remarqua une tache sur les Timberland beiges d’Hassan. On dirait du sang pensa-t-il perdant conscience avant d’avoir touché le sol. » La mise en bouche faite, le festival de la satire commence. Futée, percutante et surtout – surtout – drôle ! Ensuite, comme rien n’arrive jamais seul, il va être proposé à notre rescapé, blessé, d’écrire un livre racontant son aventure. Livre qui devrait vite se transformer en une sorte de roman autobiographique ? Ses commanditaires pensent en faire un bestseller et émouvoir dans les chaumières ! Et là, Marc Salbert semble se déchaîner ! Pour notre grand plaisir. L’avocat du journal qui accompagne Arthur venu porter plainte : Le professeur de sa fille Emilie (qui elle-même est scandalisée que des policiers aient pu frapper un journaliste alors qu’ils avaient des Afghans à portée de main) lui demande de venir parler aux élèves de sa classe : Les médias sont critiqués, épinglés. Un éditeur aussi : Cependant, au milieu de cette langue quelque peu fielleuse qui se joue des travers d’un certain milieu, on pourra apercevoir, sous cet humour qui ne se repose pas, quelques individus généreux, sympathiques. Ceux-ci seront alors croqués avec indulgence, voire bienveillance. Quant au rapport avec l’humanitaire… Car cette verve qui nous fait rire, nous offre aussi une réflexion. D’autant plus pertinente qu’elle se cache bien. L’écriture de Marc Salbert est virevoltante, tonique et très efficace. Nous ne pouvons qu’apprécier le ton, et ces "caricatures" qui nous réjouissent ! De l’influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire est un cadeau bienvenu en ce début d’année particulier, et si nous l’osions, nous serions tentés de le sous-titrer ainsi : « De l’effet jubilatoire et bénéfique de la dérision, articulée à la caricature, sur l’humeur des lecteurs. » Un grand merci à l'auteur ! Anne-Marie Boisson (28/01/15) |
Sommaire Lectures Le Dilettante (Janvier 2015) 288 pages - 17,50 €
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