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Raphaël CUVIER

L’antipapillon



Côme Vilard vit seul. Son père est mort quand il avait quatre ans. Il a ensuite vécu avec sa mère qui régentait le quotidien d’une main ferme, jusqu’à cet accident de voiture qui a l’a plongé dans la solitude. Il s’occupe de sa petite librairie sans grande conviction et la vie aurait sans doute continué ainsi, banale et tristounette, sans ce malaise qui l’a saisi au centre des impôts de Montargis. Une crise d’épilepsie. Hospitalisé, il apprend qu’il est atteint d’une tumeur au cerveau.

« Pendant un certain temps tout irait relativement bien. Puis ce serait l'enfer sur terre. La tumeur grossirait. Grossirait. Grossirait. Groseille. Myrtille. Cerise. Fraise. Prune ? Peu de chance. Il serait mort avant. La pression se ferait de plus en plus forte sur son artère carotide interne. Il ne comprenait pas tout à fait ce que cela signifiait mais il en percevait les implications. Les conséquences de cette tension seraient de plus en plus perceptibles. Crises d'épilepsies de plus en plus fréquentes. Maux de tête de plus en plus forts ; troubles de la perception ; douleurs... »
Il n’a pas envie de connaître ces souffrances.
« Il choisit de vivre. De profiter de la vie à fond. Pendant un an. Puis de se suicider. Avant que tout ne devienne insupportable. »
« Cette décision appela une promesse : il allait se surprendre. Se lâcher et se faire plaisir. Il ne serait plus tout fait de retenue et de frustrations. Cette dernière année d'existence serait une apothéose. Lui qui n'avait jamais rien fait de sa vie se devait de réparer le mal au cours des douze mois à venir. C'est ainsi que l'annonce de l'imminence de sa mort lui ouvrit le champ des possibles. »

Comment occuper intelligemment cette dernière année ? Comment en faire l’apothéose qu’il a décidée ?
Il décide d’écrire un livre.
« Si tu n'as pas écrit un livre à cinquante ans, tu as loupé ta vie. Hors de question qu'il loupe la sienne. »

Et sa vie devient alors beaucoup plus intéressante.

En alternance avec le récit de l’existence de Côme, on peut lire des messages qu’échange un groupe d’amis sur internet. Toutes les occasions sont bonnes pour faire la fête. Les mails sont pleins d’humour, de plaisanteries, de projets de rencontres, de barbecues, de soirées à thème…

On comprend peu à peu que ces messages constituent le roman qu’il est en train d’écrire. Il vit par procuration l’existence d’un homme joyeux entouré d’amis pleins d’esprit et de joie de vivre.

Mais dans le concret de son existence, les choses aussi vont changer…

On l’accompagne dans ses projets d’écriture, ses efforts pour être publié. Dans ses rencontres aussi. L’annonce de sa tumeur et son choix de vivre pleinement sa dernière année changent complètement son quotidien.

Voilà un roman surprenant qui amène le lecteur à se poser des questions sur la vie, la maladie, la mort, sur ce qui constitue l’essentiel et fait que la vie vaut la peine d’être vécue. Un premier roman original, un auteur qu’on espère retrouver à nouveau. À suivre…

Serge Cabrol 
(27/06/16)    



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5 sens éditions

(Mai 2016)
148 pages - 15 €