Retour à l'accueil du site






Nadine MONFILS


Maboul kitchen



Voilà un roman drôle, trépidant, égrillard, rabelaisien sans oublier d’être bien noir si on compte le nombre de victimes de la vieille dame indigne qui a la gâchette facile quand on a la mauvaise idée de la contrarier. Amateurs exclusifs d’intrigues rigoureuses ou de polars à énigme, passez votre chemin, ce livre n’est pas pour vous. Mémé Cornemuse est à Miss Marple ce que Bérurier est à Hercule Poirot.

Après déjà bien des aventures plus déjantées les unes que les autres dont nous avons déjà rendu compte ici, mémé Cornemuse s’est retrouvée à l’asile Les Joyeux Grelots dont elle est devenue la star en racontant sa passion dévorante pour le sublime Jean-Claude Van Damme. Chut ! Un mot de travers sur JCVD et mémé vous éclate la tête !

Son espoir de séduire et d’épouser l’acteur belge bodybuildé reste inaltérable et elle se trouve encore suffisamment attirante pour tenter l’aventure. Persuadée d'être encore très belle, mémé n'hésitait pas à s'habiller comme Nabila, jupe moulante à ras du gazon et body fluo qu'on voit pointer tes nichons en dessous. Sauf que chez elle, ils lui arrivaient au nombril. Qu'importe, elle les coinçait dans sa ceinture en strass, ça faisait Jane Birkin.

Ceci dit, quelques mauvais esprits lui ayant fait comprendre qu’un ravalement de façade rendrait tout de même les choses plus faciles avec le beau JCVD, mémé Cornemuse a décidé d’aller aux States pour s’offrir la même chirurgie esthétique que la mère de Sylvester Stallone, 92 ans, remariée à un jeunot de 60.

Mais pour ça, il faut de l’argent ! Heureusement, quelques gâteries dont elle a le secret (notamment le tourniquet bavarois) ont mis à ses pieds un autre résident de l’asile, le baron Gilberto Van Pinderlok, qui à la mort de son père a hérité du château familial. Rien de plus facile pour mémé Cornemuse que d’obtenir, avec un flingue braqué sur la tempe du directeur, la signature du bon de sortie définitif pour elle et son nouveau fiancé.

La propriété du baron n’est toutefois pas à la hauteur des attentes de Mémé. Elle espérait un palace sur la Riviera et se retrouve devant une vieille bâtisse à Saint-Amand-sur-Fion. Il y a de quoi ressentir une certaine déception...

Mais il en faut plus pour abattre la joyeuse grand-mère, surtout que le manoir abrite une collection de tableaux de grande valeur. Si elle n’est pas sensible au graphisme et aux couleurs vives de Miró (Je vais t’en dessiner quelques-uns du même genre, ça permettra de retaper toute la baraque.), elle est tout émue devant Magritte. Cornemuse était en extase devant la reproduction de Golconde, avec ces petits hommes au chapeau boule, bien droits dans leur manteau sombre, qui tombaient telles des gouttes de pluie devant une maison grise au toit rouge, sur fond de ciel laiteux. La vieille n'avait jamais versé une larme de sa vie, sauf la première fois où elle avait découvert cette peinture au musée à Bruxelles.

La vente de quelques tableaux va permettre de donner au manoir une allure plus conforme aux goûts et aux besoins de la nouvelle propriétaire. Il faut faire venir du monde pour gagner de l’argent. Voici le vieux domaine métamorphosé en Kingdom of Bimbo Land. Mais pour satisfaire tous les plaisirs des clients, il faut du personnel.
Elle décida donc, avec l'aide du baron, de retourner à l'asile Les Joyeux Grelots et d'attendre la nuit pour faire évader quelques troués du bigoudi, triés sur le volet pour leurs anciennes compétences. La liste de la dizaine d’heureux élus et de leurs multiples talents n’est pas piquée des hannetons...

Et on n’est là qu’au début du roman ! Pour tirer le maximum de bénéfices du domaine, mémé Cornemuse doit épouser le baron (Oh bonheur de la cérémonie du mariage et du voyage de noces !), vaincre les résistances du maire de Saint-Amand-sur-Fion qui avait d’autres projets pour le manoir (Il va découvrir que la vieille dame sait se montrer très convaincante !) et s’adapter au public : grâce à une Vierge miraculeuse, le Kingdom of Bimbo Land deviendra Kingdom of JC avant de se transformer en Kingdom of Bimbo Partouz... Dans tous les cas, on peut plaindre les malheureux qui, pour notre plus grand plaisir, feront étape chez mémé Cornemuse.

Le roman est sous-titré, La dernière aventure de mémé Cornemuse. Serions-nous privés à l’avenir de ces joyeuses tranches de rigolade ? Il faut attendre la fin du livre pour en savoir plus. Suspense...

Vous l’aurez compris, on n’a pas le temps de s’ennuyer au fil de ces quarante-cinq chapitres où les rebondissements se succèdent à un rythme effréné, où mémé Cornemuse ne s’embarrasse pas d’états d’âme pour régler à sa manière tous les petits soucis du quotidien...

Les occasions de rire ne sont pas si nombreuses en ces temps de morosité, raison de plus pour profiter du cadeau que nous fait Nadine Monfils avec son humour déjanté et libertaire où tout le monde subit les frasques de la vieille dame, qu’ils soient baron, maire ou curé... Brassens n’aurait pas désavoué cette drôle de grand-mère à mauvaise réputation qui aurait adoré être choisie par le gorille (Il ne sait pas ce qu’il a perdu en préférant le juge !) et aurait pris grand plaisir à participer à  l’Hécatombe de Brive-la-Gaillarde. Selon un proverbe irlandais, le rire et le sommeil seraient les meilleurs remèdes du monde. Avec Nadine Monfils vous avez déjà le rire ! Pour le sommeil, mémé Cornemuse vous arrangera ça, elle connaît toutes les recettes...

Serge Cabrol 
(26/02/15)    



Retour
Sommaire
Noir & polar









Éditions Belfond

(Février 2015)
240 pages - 19 €









Nadine Monfils
est belge et vit à Montmartre.
Réalisatrice et écrivain,
elle est l'auteur d'une quarantaine de pièces de théâtre et de romans (dont la série des enquêtes du commissaire Léon).



Vous pouvez visiter
le site de l'auteur :
www.nadinemonfils.com

et
découvrir sur notre site
d'autres romans
de Nadine Monfils :

Le bar crade de Kaskouille

Les vacances
d'un serial killer


La Petite Fêlée
aux allumettes


La vieille qui voulait
tuer le bon Dieu


Mémé goes to Hollywood