![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Retour à l'accueil du site |
Alors là !... Nous regrettons que ce roman ne comporte que… 441 pages, tellement notre plaisir fut stimulé et alimenté tout au long de sa lecture. La curiosité, comme l’intérêt pour les personnages, aura su, page après page, si bien repousser notre sommeil…! C’est un roman en trois parties. La première, sorte d’introduction développée, situe le point de départ de l’enquête : l’aéroport O’Hare à Chicago. Et c’est dans la seconde partie, intitulée L’écrivain fantôme, que Stéphanie Harker fait le récit, à l’agente du FBI qui vient de déclencher « l’Amber Alert », des circonstances de sa rencontre avec la mère de l’enfant ainsi que le parcours de leur relation amicale. Cette relation qui a commencé « A Londres, cinq ans et cinq mois plus tôt » avant l’enlèvement du petit garçon. L’agente Vivian McKuras, réservée au début, mais très à l’écoute va donc prendre note de l’évolution de cette amitié qui pourrait paraître improbable, entre une écrivaine cultivée et sa cliente, ex-"vedette" d’une émission de téléréalité, Scarlett Higgins, une jeune femme venue d’une banlieue pauvre, qui, selon Stéphanie, « faisait partie des enfants illégitimes de Thatcher, la sous-classe sans emploi », mais qui semble parvenue grâce à cette émission, à échapper à son milieu d’origine et gagner de l’argent. Stéphanie Harker, elle, fait partie de cette catégorie d’écrivaines qui écrivent pour, et avec, les célébrités qui veulent raconter leur vie… Elle tient à expliquer ainsi sa conception personnelle de son travail : « Un nègre littéraire est un hypocrite professionnel. A force de corrections, nous transformons la personne en face de nous en celle qu’elle veut montrer au reste du monde. Nous sommes les chirurgiens esthétiques de l’image. Nous développons un talent pour reconnaître ce qui devrait être tu ». Ou encore, et pour que les choses soient claires : « Vous savez que vous avez réussi le jour où vous les voyez raconter dans une émission de télé qu’ils se sont levés deux heures avant leurs enfants tous les matins pour pouvoir écrire en paix. A ce stade ils sont persuadés d’avoir rédigé le livre eux-mêmes et que vous avez simplement corrigé l’orthographe et la ponctuation. » Leur relation a commencé au cours de ce travail d’écriture mais s’est tissée bien au-delà. Ainsi Stéphanie déploie le récit de ces cinq années où elle a été un témoin proche de la vie de Scarlett et a pu partager certains évènements dramatiques. Stéphanie décrit scrupuleusement les faits ainsi que ses réflexions à propos de l’entourage de Scarlett, de ses objectifs. Par des commentaires clairs, elle rapporte aussi certains propos de Scarlett. Afin que rien ne soit écarté, et que le petit Jimmy puisse être retrouvé au plus vite. Des thèmes émergent : un certain milieu de la télévision, son public, l’argent, la quête de reconnaissance. Nous sommes devant un tricot serré qui mêle sans en avoir vraiment montré la trame, les fils de la sincérité avec ceux du calcul, ceux de la générosité avec certaines arrière-pensées… Et c’est là que le talent de Val McDermid saute aux yeux. Dans chaque page où il perce, comme là où il effleure pour mieux nous surprendre. Dans l’agencement des chapitres, comme dans les thèmes abordés. A l’aide de ces éclairages discrets au rythme très justement calculé pour faire appel à notre désir de mieux comprendre ou de revenir sur notre première impression. Mais allez savoir… qui égare qui ? Ou plus tard, cette remarque de Stéphanie : « Si j’avais été plus intelligente, ça m’aurait peut-être mis la puce à l’oreille et j’aurais pu apprendre quelque chose sur Scarlett, ce jour-là. Mais j’étais lente et ça m’a pris beaucoup de temps. » De la voltige donc, et sur un beau paysage d’écriture, claire, efficace, et tellement, tellement, savoureuse… Anne-Marie Boisson (02/05/15) |
Sommaire Noir & polar ![]() Flammarion (Mars 2015) 441 pages - 21 €
Bio-bibliographie sur Wikipédia |
||||||