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Ivan MACAUX


Il Babbo



C'est la fin de l'été. La famille va quitter la belle résidence du Sud de la France et le narrateur doit prendre finalement la route avec celui que l'on surnomme "Il babbo", le père, son père, qui n'a rien pourtant d'italien malgré son surnom. Installés dans la vieille Panda, père et fils vont faire route vers Paris, sur les départementales, loin des autoroutes. Le choix de l'itinéraire, des lieux dans lesquels ils vont séjourner, pourrait être propice aux retrouvailles et aux confidences. Ou pas. Depuis le début du voyage, je n'arrive pas à me défaire d'une phrase que j'ai notée sur la première de couverture de mon livre. Zweig toujours : ce qu'un homme, durant son enfance, a pris dans son sang de l'air du temps ne saurait plus en être éliminé. Je veux croire qu'il a tort.

Le narrateur voudrait croire, surtout, que ce trajet va lui offrir l'opportunité de parler vraiment avec cet homme si mystérieux qu'est son père. Père et fils s'observent, se scrutent, et le narrateur voudrait saisir l'opportunité de parler, de percer les secrets et les non-dits pour que son père se livre enfin à lui mais c'est le silence, pesant, lourd qui s'installe dans l'habitacle de la voiture. Pendant que les kilomètres défilent, le narrateur, jeune adulte, tente de saisir et de décrypter le vrai visage de son père. Image du rétroviseur, pour lire le présent, comprendre le passé, et s'observer, soi et l'un l'autre. Qui était ce père ? Pourquoi la mère du narrateur a-t-elle autant protégé cet individu qui semblait tellement hors des normes de la famille ? "Il babbo", un raté ? Un escroc à ses heures ? Eternel perdant dans des affaires peu claires ?

Ce roman aborde, outre la question de l'autobiographie (fictive ou non, finalement qu'importe…) des thèmes majeurs comme la construction de soi, les relations père-fils analysées avec autant de finesse que d'originalité. Le récit se dépouille de tout stéréotype et pose des questions cruciales comme chacun d'entre nous à un moment ou à un autre : comment comprendre le mystère du passé de nos parents ? Comment se construire dans le silence et le non-dit des générations précédentes ? Qu'en pensait-il mon chauffeur ? Il y avait sûrement réfléchi. Que veut-on transmettre de soi ? Que transmet-on qu'on ne veut pas ? Pourquoi devient-on père ? Par amour de l'autre ? Par amour de soi ?

C'est le premier roman d'Ivan Macaux, journaliste, et son écriture, poétique et rythmée, témoigne de la recherche d'une certaine simplicité et sincérité. Le ton sobre et juste de ce qui serait au cinéma, un road-movie, ou pour la littérature, un roman d'apprentissage ou un roman autobiographique, fait résonner les non-dits, les conversations à peine amorcées et l'écho des silences.

Sylvie Legendre-Torcolacci 
(06/11/13)    



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Éditions Stock

(Août 2013)
224 pages - 18 €







Ivan Macaux,
est né en 1984.
Ancien critique de cinéma, il est aujourd'hui reporter à la télévision. Il Babbo est son premier roman.