En 2029, un futur proche, au Sénégal, Jean Bostwanga déclare que « l’exploitation de l'homme par l’homme était, selon lui, la loi même de l'histoire et son moteur premier » et développe sa théorie de la « machinumérisation ». « Les pays riches eux-mêmes n'avaient plus guère besoin de leur ancienne main-d’œuvre laquelle, remplacée par d’efficaces machines, était devenue largement inutile » aussi « les Africains étaient dorénavant interdits de séjour en Europe et de façon générale, partout dans le monde riche, on avait fermé les frontières, élevé des murailles et constellé les espaces frontaliers de drones très dissuasifs ». Comment dans ces conditions développer le pays ? La seule richesse du Sénégal concluait  Jean Bostwanga résidait dans ses corps, « ces beaux corps d’ébène aux formes effilées ».

Le marché des mères porteuses et la vente d'organes humains ne sont pas un bon créneau en raison du racisme ambiant, reste l'exploitation du « centre du corps d’ébène des fiers Sénégalais […] un joyau appété et envié par toute l'humanité », le sexe sacré.

Un plan marketing se met alors en branle. L'industrie pornographique des pays riches développe l'idée qu'un bon sexe est un gros sexe sénégalais et la filiale industrielle de la greffe croît, enrichissant plus ou moins les Sénégalais qui font un échange de sexe.

Stanislas Boutawi est un Sénégalais qui procède à l'échange de sexe pour mettre sa famille hors misère, mais il ne peut supporter son nouveau sexe.

Son fils, Jacob Boutawi, devient pornstar pour retrouver le sexe de son père, le greffon sacré.

Ce roman de science-fiction d'une logique étonnante et plein d'humour est une fable cauchemardesque, une pochade terrible qui n'est pas sans rappeler dans un autre genre On tuera tous les affreux de Boris Vian.

Et pourquoi ne pas voir sous la parabole cynique un traité d’économie capitaliste qui pose la sérieuse question : comment le Sénégal (et au-delà l'Afrique entière) peut assurer son développement, comment ne pas être en retard d’une technologie ?

Un livre sérieusement distrayant qui derrière son humour pose une grande question.