L’album s’ouvre sur la vie tranquille des Blanc-Poulet dans un petit village au bord de l’océan. Mais pas n’importe quel village. Un village tout blanc, habité par des poules blanches comme la neige mariées à un coq blanc comme l’écume et dont les adorables poussins sont blancs comme la neige et l’écume. Un village d’honnêtes gens où le boucher s’appelle Jean-Marie Piédepoule et la boulangère Marine Veillograin.

« Mais un beau soir de mai, un drôle de bateau rempli de drôles de gens vient s’échouer sur la vasière, à la sortie du joli petit village sans nom, presque imaginaire, qui n’existe pas. »
La bateau transporte des poules de toutes les couleurs et fait immanquablement penser aux embarcations des migrants. Le capitaine, d’ailleurs, est un renard qui, comme les passeurs,  s’enfuit avec son butin dès que le bateau touche la côte.

Les Blanc-Poulet sont d’abord étonnés mais bientôt très en colère. Les étrangers jouent de la musique et repeignent des maisons, le village blanc est envahi par les couleurs ! Le maire a une idée pour mobiliser ses concitoyens et rejeter les étrangers à la mer avec leur drôle de bateau.

Mais trois jeunes Blanc-Poulet ne partagent pas le goût immodéré du village pour le blanc uniforme. Ils préfèrent la diversité, la joie de vivre et la bonne humeur des poules de couleurs...

Cet album amusant, joyeux, aux dessins très expressifs, permet d’aborder avec les enfants une réflexion sur les bienfaits de la diversité dont le refus ne cesse de mener à des catastrophes extrêmes : racisme, apartheid, ghettos, génocides... D’après le titre, ce petit village sans nom n’existait pas mais il faut se méfier de ceux qui en rêvent et pourraient bien essayer de créer des territoires dont certain seraient exclus et où il deviendrait difficile de vivre pour ceux qui préfèrent la solidarité, le partage et l’ouverture à la richesse de l’autre. Comme le disent les trois jeunes Blanc-Poulet : « Nous aussi on veut de la couleur, de la fête et la liberté. »

Serge Cabrol 
(09/05/16)