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D'autres écrivains, cinéastes, nombreux admirateurs de la courte uvre de Sylvia Plath se sont interrogés sur ce suicide, quand ils n'ont pas polémiqué Si belle, si jeune, si brillante Qui a tué la poétesse ? Il n'y a évidemment pas de réponse et ce n'est pas le propos du roman d'Oriane Jeancourt Galignani qui en "faisant parler" la poétesse, en entrelaçant des souvenirs reconstitués de sa vie à des citations de son uvre en italique, nous fait entendre alors, les fulgurances poétiques d'une Médée contemporaine qui mourant de vivre, du mal de vivre, de mal vivre sa vie d'écrivaine, car, comme le dit Camus "vivre, bien sûr, c'est un peu le contraire d'exprimer" surtout dans les années soixante où les femmes "doivent tenir leur foyer" et se charger, seules, des enfants, ne s'en prendra qu'à elle . S'il n'y a pas de coupables désignés, on a le cur serré
à la lecture de cette lente dépossession. Affronter le quotidien
: les tâches ménagères "Je ne suis pas ta bête
de somme, depuis des années je mords la poussière, de ma chevelure
je frotte ses assiettes." , un avortement, deux bébés,
ne plus être l'aimée, la solitude, la folie et répondre
en même temps à l'urgence d'une uvre. Trop dur, trop injuste.
Injustice d'un monde patriarcal surtout où les hommes, les Pères,
se laissent adorer, rognent les ailes, puis s'en vont. Papa, d'abord, qui meurt
quand, à huit ans, elle écrit son premier poème, et qui
lui laisse un lourd relent de culpabilité, avec ses regards bienveillants
pour les monstruosités faites dans son pays d'origine, l'Allemagne nazie.
"Un engin, tu étais un engin qui me poursuivait comme un juif,
un juif à Dachau, à Auschwitz, à Belsen..." Dieu
qui ne répond plus depuis la mort de ce père adoré et haï,
depuis le séjour en hôpital psychiatrique à 20 ans et enfin
"la perfidie de son mari", le grand homme, Ted Hughes, le poète
reconnu, celui qui valide ses écrits et devient le bourreau de son cur
: "Une affaire de meurtre sans corps"
celui qui a la
rectitude du père, "toutes les femmes adorent un fasciste". *Les citations en italique, ici, sont déjà en italique dans le roman et sont donc des citations de Sylvia Plath. Sylvie Lansade (05/02/13) |
Sommaire Lectures Albin Michel (Février 2013) 192 pages – 15 €
Découvrir sur notre site l'unique roman de Sylvia Plath : La cloche de détresse |
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