Retour à l'accueil du site





Alaa EL ASWANY

Chroniques de la révolution égyptienne


La démocratie est la solution ! Tel Caton l'Ancien intraitable sur le sort qu'il convient de réserver à Carthage, Alaa El Aswany nous rappelle à la fin de chacune de ses chroniques son espoir de voir la démocratie s'installer dans son pays, soumis jusqu'à février 2011 à la domination sans partage du clan Moubarak. Ce clan qui prévoyait de transmettre le pouvoir qu'Hosni Moubarak détenait depuis trente ans à son fils Gamal, comme si l'Égypte était devenue une vulgaire propriété terrienne se transmettant par héritage de père en fils. Il en sera, nous le savons à présent, tout autrement.

Alaa El Aswany dresse, dans ce recueil de chroniques, un portrait sans complaisance de son pays, qu'il aime passionnément, avec ses fellahs condamnés à la misère la plus sordide, à l'analphabétisme le plus profond et plus encore : la situation dans laquelle se trouve actuellement l'Égypte est littéralement catastrophique : pauvreté, maladie, oppression, corruption, chômage, absence de contrôle sanitaire, effondrement du système éducatif. Alaa El Aswany pointe du doigt les bourgeois égoïstes et corrompus qui loin d'être une élite au service de leur patrie, ne sont que d'immoraux profiteurs. Les anecdotes qu'il nous conte avec talent et humour (le diner avec le fils Moubarak est à la fois drôle et accablant pour le régime), mieux qu'une étude statistique, nous font toucher du doigt l'extrême détresse du peuple et l'aveuglement des élites. Dans les chroniques consacrées aux femmes, il laisse éclater sa colère contre les extrémistes religieux, et le wahhabisme importé dans une Égypte dont il rappelle avec nostalgie les traditions de tolérance et de respect (Ah ! le temps où les femmes égyptiennes portaient des mini-jupes sans être agressées) ; c'était avant l'incursion des fondamentalistes.

Ce n'est jamais avec amertume qu'Alaa El Aswany nous raconte l'Égypte d'avant La Révolution qu'il appelle de ses vœux et qu'il sent se lever ; au contraire il a une grande tendresse pour l'Égypte et son peuple dont il ne doute pas qu'ils retrouveront son rayonnement dans le monde arabe et au-delà.
Ce qui est certain, c'est que monsieur El Aswany nous offre, après L'immeuble Yacoubian et J'aurais voulu être égyptien, une magnifique plongée dans ce pays attachant avec, comme à son habitude, un style et une écriture qui confirment qu'il est un des grands écrivains de ce siècle et aussi un témoin indispensable pour comprendre "le printemps arabe".

David Nahmias 
(09/06/13)    



Retour
Sommaire
Lectures









Editions Actes Sud

416 pages - 9,70 €

Traduit de l'arabe (Egypte)
et préfacé par
Gilles Gauthier



Alaa El Aswany,
né en 1957, exerce le métier de dentiste au Caire.


Découvrir sur notre site
d'autres livres
du même auteur :

L'immeuble Yacoubian

J'aurais voulu être égyptien