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Régine DETAMBEL

La couleur venue de la terre


Un journaliste, un photographe et un preneur de son se rendent en Guyane pour retrouver des récits concernant des bagnards qui avaient été emprisonnés dans le bagne de Cayenne fermé depuis une cinquantaine d’années. Ils espèrent avoir des précisions en interrogeant des descendants de bagnards qui pourraient leur parler de l’ammonite irisée aux mille reflets autour de laquelle existent de nombreuses histoires ou légendes.

Une très belle photo présente cette pierre (vieille de 80 millions d’années) avec un texte explicatif : « Elles arborent des couleurs chamarrées et des reflets irisés qui ont presque l’air surnaturels. Pour les Indiens Blackfoot, ce sont des Iniskim. Ces pierres qui appellent les bisons et ont un pouvoir magique étaient invoquées lors des cérémonies précédant la chasse. » 

L’alternance des chapitres évoquent ce que vivent le journaliste et ses amis et les récits de vie des hommes et des femmes, car il y avait aussi des femmes, incarcérés dans ce pays où la nature est plutôt inhospitalière, luxuriante de végétation et d’espèces animales qui empêchaient toute évasion. « En Guyane, des plans d'évasion, on en invente tous les jours, qui ratent. À cheval sur un tronc de bananier on n'a plus qu'à pagayer avec les mains, au milieu des requins. Ou alors on a fait affaire avec un patron de barcasse qui trafique du tafia et du bois de rose. On a pris date. On a payé le prix fort. Et on ne donnera plus jamais de nouvelles parce que dans la première crique venue, le patron a accosté et vous a planté un couteau dans le dos et jeté aux requins. De toute façon ici on finit toujours dans un requin. Au bagne on n'enterre pas, on jette à l'eau. »

Nous apprenons beaucoup au fil des pages : « Entre mes jambes passe le fleuve lent et vineux de la gadoue. Georges, qui était gardien de musée avant de prendre perpette pour un triple meurtre, me fait remarquer que les pyramides d'Égypte sont éternelles parce qu'elles ont été construites à l'imitation d'un tas de fumier, c'est-à-dire déjà écroulées. »

L’écriture très poétique de Régine Detambel recrée l’atmosphère de ce lieu si particulier et nous plonge au cœur de cette nature et de ces richesses tout en révélant la dureté du bagne.

Brigitte Aubonnet 
(17/10/16)   



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Musée des confluences

Éditions Invenit

(Septembre 2016)
80 pages - 12 €




Pour visiter le site de Régine Detambel :
www.detambel.com





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