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Serge CAZENAVE-SARKIS

Sans partage


Ce recueil comprend une novella de quatre-vingts pages qui donne son titre au livre et cinq « autres innocences », des nouvelles d’une dizaine de pages. Des histoires de fratrie, d’amour, d’amitié, mais aussi de rivalité, de souffrance, de violence, de folie parfois, toutes écrites à la première personne avec des narrateurs plutôt tendres et naïfs, plus innocents que coupables, victimes que bourreaux.

Dans la novela, le narrateur, Ferdinand, dix-sept ans, vit avec sa mère et ses deux frères, Greg, l’aîné, qui a vingt ans et Jean-Jacques qui en a quinze. C’est ce dernier qui va faire preuve d’un caractère particulièrement égoïste et envahissant. « Mal à son aise à l’extrémité de la branche dépréciée (suite à une accumulation de mauvaises fortunes : faillite, mère dépressive, père en fuite…) dont nous étions issus, il éprouva très tôt le besoin de se valoriser. » Il décide très vite d’être « sans partage » et d’occuper tout le terrain. Tous les moyens sont bons : la séduction, le mensonge, le cynisme… La mère est sous le charme et l’admire comme la huitième merveille du monde. Quant aux frères, le but de Jean-Jacques est de les « pousser hors du nid », par la ruse bien sûr, mais définitivement si possible.
Le texte nous conduit jusqu’à l’âge adulte des personnages et le choix du frère comme narrateur lui donne une force remarquable. Chaque événement (y compris la recherche du père) est vécu par Ferdinand comme une nouvelle épreuve de son chemin de croix. Et Dieu sait jusqu’où Jean-Jacques est capable d’aller…

Juste la vie nous conduit dans un petit village tranquille où tout le monde se connaît, où rien de dramatique ne semble pouvoir arriver. Et pourtant un jour, une horde sauvage envahit le village et massacre tous les habitants. Sauf un. Le narrateur est ce survivant qui va avoir une bien étrange idée pour que les assaillants ne puissent pas tirer profit de leur acte terroriste.

Dans Amnios, le narrateur est un tatoueur confronté à un nouveau client qui a une demande bien précise : « L’amour qu’il portait à sa femme était si fort que lorsqu’elle mourut prématurément, suite à un accident domestique, il prit sur-le-champ la décision de se faire tatouer sur le nombril le regard tant aimé. » Le tatoueur se lance dans sa tâche avec beaucoup de cœur, trop peut-être… C’est que lui aussi a ses soucis personnels.

Le narrateur de Personne à retrouver est perché sur un viaduc et pense à se suicider. Tout compte fait, il y renonce mais sa position élevée lui donne une vue imprenable sur le village et il assiste impuissant à l’enlèvement de celle qu’il a toujours aimée en secret, celle qu’on appelle La Belle quand lui est surnommé la Bête.  Sa naïveté va faire de lui le coupable idéal.

Dans Aumône, le narrateur a un ami, Joël, qui paie toutes les dépenses (whisky, repas, spectacle…). Comment refuser quelque chose à un ami si généreux ? Même si l’aventure où il est embringué n’est pas de son goût et pourrait mal tourner…

La dernière nouvelle, Un rêve, présente Jérôme, un homme ordinaire, confiant, patient, marié, deux enfants, sans ennemi, dont on retrouve le corps sans vie sur un parcours pédestre des marais salants. Que s’est-il passé ? De quoi est-il mort ? Le narrateur nous raconte ce qui a dû lui arriver…

L’auteur a un grand talent pour mettre en scène ses personnages et raconter ces histoires insolites qu’on a plaisir à lire et relire. Au fil de sa plume, l’étrange devient vraisemblable et on se laisse embarquer sans résister sur les chemins ombragés de son imaginaire.

Serge Cabrol 
(25/08/16)    



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L'Abat-Jour

(Août 2016)
134 pages - 13 €










Serge Cazenave-Sarkis,
né en 1952, artisan d’art à Sancerre, poète, romancier et nouvelliste, a déjà publié six livres.