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Julie BONNIE

Mon amour,


Vivre avec un artiste n’est pas toujours facile. Une jeune femme vient d’accoucher de Tess, une petite fille, depuis quatre jours. Son compagnon, pianiste, est parti pour une tournée, essentielle pour lui, qui durera un mois. Il ne peut pas la décaler car elle était prévue depuis plus d’un an.

« Je suis dans notre lit, avec cet animal tyrannique, et toi, quelque part loin d’ici, tu joues nos morceaux de l’aube pour des milliers d’inconnus. Ils ignorent que c’est notre amour que tu découpes en petits bouts et que tu distribues pour de l’argent. »

Leur amour va-t-il résister à cette séparation ? Nous vivons cette période grâce à leur correspondance. Elle, écrit à son compagnon en lui disant Mon amour, et lui, en écrivant Ma fée. La construction du roman est très intéressante car on sait toujours qui écrit mais ce qu’ils écrivent vraiment à l’autre se mêle à ce qu’ils cachent à l’autre mais pas au lecteur. Chacun parle de ce qu’il vit et ressent. Nous ne connaitrons jamais les prénoms de ces deux personnages, ce qui les rend universels.

D’autres personnages donnent aussi leur point de vue et les titres des chapitres nous l’indiquent. Le va-et-vient entre le passé et le présent intervient à un moment précis du roman et la fin du roman nous révèlera la vérité de ce qui s’est réellement passé. C’est très réussi.

La création musicale, le rapport avec le public, la vie en tournée, les critiques et leurs jugements ouvrent sur de merveilleux et de terribles moments. Les jugements négatifs sont déstabilisants pour les artistes et les atteignent au plus profond d’eux-mêmes : « Je lis et relis ce putain d’article. Le mec m’assassine, ma fée. Il n’y a pas d’autres mots. »

Lui, est tout le temps plongé dans sa musique : « Chaque exercice enseigne une technique au cerveau des doigts. Ensuite, il sait, on n’y pense plus. Plus personne ne se souvient des efforts déployés pour marcher. On marche, voilà tout. C’est l’exercice.
Bien sûr, il ne faut pas apprendre de travers, parce qu’un exercice maîtrisé se fossilise dans la mémoire. L’en enlever reviendrait à arracher un morceau de chair.
Il faudra penser à transmettre ça à Tess, ma fée : l’exercice. »

Georges, un ami qui jouera un rôle essentiel, est artiste peintre et vit aussi avec ses démons créatifs.

L’écriture de Julie Bonnie est toujours aussi passionnante sur la création musicale qu’elle connait bien puisqu’elle est aussi chanteuse et musicienne et sur l’amour maternel puisqu’elle a travaillé en maternité.

Ce roman évoque aussi le thème de la jalousie, de la fidélité, de l’équilibre entre la vie créative et la vie personnelle, de l’amitié... C’est un très beau texte, riche en questionnements et c’est un intense moment de lecture.  

Brigitte Aubonnet 
(17/08/15)    



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Grasset

(Mars 2015)
224 pages - 17,50 €






Julie Bonnie,
née en 1972 à Tours, est chanteuse, violoniste, guitariste et romancière.


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