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Un roman en trois parties et trois prénoms : Frédéric, Camille, Claude. Les premières pages de ce roman nous touchent par leur ton simple et sensible, et par la suite, Michel Bernard continuera de nous émouvoir, de nous impressionner par le choix qu’il fait des détails, et par ses mots délicats à propos des évènements relatés, des sentiments évoqués. Dès le début nous sentons la proximité de l’auteur avec ses personnages, avec ces artistes, mais il va également nous parler d’une époque, d’un milieu, et nous impliquer ainsi tout au long de notre lecture. Dans le deuxième chapitre, intitulé Camille, l’auteur revient sur ces années où Claude Monet rencontra Frédéric Bazille qui, bien que venu à Paris pour terminer des études de médecine, préférait aller peindre dans un atelier. « Ils avaient sympathisé au fil des semaines, lui, Bazille, Renoir et Sisley. Leur groupe s’était formé naturellement, il n’aurait su dire comment. » Et lorsque le jeune homme revenait dans sa famille à Montpellier pour passer les vacances : « Frédéric était heureux de retrouver le pays natal, la sèche odeur du thym, le parfum de la lavande et l’amertume exaltée du buis, l’assourdissant cisaillement des cigales. Il évaluait le gris poussière et le noir des plantes grandies dans les pics du roc éblouissant, le bleu presque blanc du ciel du matin, filé des reflets verts de la mer proche, et en dessous, dans l’ordre que leur avait donné son père, les longs traits de la vigne. » Nous saurons comment Claude Monet s’éprend de son modèle Camille Doncieux, celle qui deviendra sa femme et la mère de ses enfants. Comment leur amour s’épanouira malgré les difficultés et les soucis financiers alors fréquents : « Deux ou trois toiles vendues, une rentrée d’argent et c’était quelques jours de joie qu’ils partageaient dans une auberge à la campagne, encore aux portes de Paris. Dix minutes de voyage, le temps que la chaudière de la machine s’échauffe et le gris se délayait dans les transparences d’un ciel propre. Le vert et le bleu filaient aux vitres qui grelottaient gaiment dans leurs cadres de bois. » Dans tout le roman, c’est bien sûr de la peinture de Monet dont il est question, de cette passion continue, de son désir inextinguible de peindre : « La plaine bleuie éclairait le ciel, cuivrait le ventre des nuages ». Et dans ce chapitre, le portrait que l’auteur nous fait de Camille, semble venir du regard du peintre lui-même. Admiratif, précis : « Ses gestes cherchaient moins l’efficacité qu’un rapport harmonieux aux choses Elle était vêtue avec élégance et l’on se disait que cette femme de peintre avait appris à son mari l’art des couleurs et des formes. Son intuition du monde, Monet, sur bien des points, la devait à Camille. » Les années passent et dans la vie de Claude Monet, les évènements, les choix, les maisons, les jardins, et bien sûr ses tableaux. Mais tout cela nous arrive grâce à ce conteur particulièrement sensible, et nous sommes convaincus qu’il livre ce que nous avons besoin de savoir, ce qu’il faut comprendre, ce qui est important. Michel Bernard arrive ainsi à nous faire partager la vie d’un peintre et de son entourage tout en nous amenant, d’une manière originale et documentée, à découvrir l’homme. Il lui suffit alors de quelques mots, juste posés, pour introduire une analyse, une perspective. Anne-Marie Boisson |
Sommaire Lectures La Table Ronde (Août 2016) 224 pages - 20 €
Wikipédia Découvir sur notre site un autre livre de Michel Bernard : Les forêts de Ravel |
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