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Jeanne BENAMEUR


Profanes


Un homme de quatre-vingt-dix ans se retourne sur son passé. Octave Lassalle, ancien chirurgien qui s'est consacré entièrement à sauver des vies, a-t-il sacrifié sa vie personnelle et familiale ? Il passe une annonce pour engager quatre personnes, un homme et trois femmes, qui viendront se relayer chez lui pour qu'il ne reste plus jamais seul. Le contrat sera de l'accompagner jusqu'à sa fin de vie s'il devenait incapable de s'assumer seul : "Moi qui n'ai jamais eu le don de réunir qui que ce soit, ni famille ni amis. À peine mon équipe à la clinique, parce qu'ils y mettaient du leur. Je leur en savais gré. Ce n'est pas la même affaire dans une clinique, les choses se font parce que sinon c'est la vie qui part. Ce n'est pas autour de moi qu'ils étaient réunis, c'était contre la mort. Et ça, c'est fort.
Là, j'ai su tenir ma place.
"
Il s'offre "une équipe".

Sa maison est vide à part Mme Lemaire sa gouvernante. Sa femme est partie après le décès de leur fille unique.

Octave Lassalle va fouiller son passé où la vie et la mort vont se rejoindre : "Toutes les années de solitude l'ont laissé sur la route blanche et ils ne sont pas trop de quatre pour avancer avec lui. Il pense à l'étymologie du mot profane : celui qui est devant le temple. Il est ce profane. Ils sont ces profanes. Au cœur de chacune de leurs vies, le temple. Vif. Le seul sacré qu'il connaisse."

Nous découvrons la vie de chacune des quatre personnes qui vont l'accompagner.

Marc Mazetti viendra tôt le matin, il s'occupera du jardin. Il a vécu un drame en Afrique où la mort était aussi au rendez-vous.

Hélène Avèle dessine et peint. Elle explique à Octave son rapport à la création et celui-ci lui demandera de réaliser le portrait de sa fille à partir de la seule photo qui lui reste : "Vous comprenez, il se dégage de chacun de ces visages, peints pour personne, une solitude et une humanité sans fard. Profonde. Seule la mort peut "dévisager" un être de cette façon. Avec cette simplicité."

Béatrice Benoit a perdu son frère avant sa naissance. Elle a toujours eu l'impression d'être la remplaçante.

Yolande Grange héberge une jeune fille enceinte et elle aimerait tant qu'elle reste avec elle après la naissance de son enfant pour combler sa solitude.

Chacun des quatre a été confronté à la mort mais possède un formidable désir de vivre encore. Les liens vont peu à peu se créer entre eux ainsi qu'avec Octave qui leur dévoilera les évènements de sa vie et ce qu'il attend de chacun. Nous le découvrirons aussi progressivement grâce à une construction magistralement orchestrée par Jeanne Benameur.

Octave Lassalle découvrira aussi une partie de la vérité concernant sa fille. L'a-t-il vraiment connue ?

Un clin d'œil est fait à Anne Slacik, peintre que nous avons présentée ici et que connaît bien Jeanne Benameur avec qui elle a partagé des projets créateurs.

Ce roman est une réflexion sur le rapport entre la vie et la mort, sur l'amour de près et l'amour de loin, sur la grande question : Qu'est-ce que le bonheur ?
Octave est-il passé à côté de l'amour de près avec sa femme et sa fille ?

Chacun des cinq va retrouver une forme de liberté au cœur de cette maison où bruisse à nouveau la vie.

Un très beau roman, très émouvant et enrichissant sur le sens à donner à sa vie. Une belle réussite comme les autres romans de Jeanne Benameur qui évoque toujours des problèmes essentiels.

Brigitte Aubonnet 
(12/01/13)    



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Lectures









Éditions Actes Sud

(Janvier 2013)
288 pages - 20 €









Jeanne Benameur,
a publié une vingtaine d'ouvrages pour les adultes et pour la jeunesse.







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